le orage qui s'apaise, c'est celui qui s'etait souleve dans
le coeur de Valentin, et la veritable etoile, ce n'est pas celle que
pourrait allumer le metteur en scene dans le ciel de son decor, c'est
celle de l'amour qui se leve dans l'ame purifiee de Valentin. On voit
donc combien l'effet general du decor repond mieux a l'idee poetique que
les effets particuliers d'une mise en scene plus naturaliste.
Cet exemple montre qu'il faut lire avec la plus grande attention
l'oeuvre que l'on doit mettre en scene et determiner la nature de
l'inspiration de l'auteur. S'il est sensible que le poete a remonte de
l'idee au phenomene, comme c'est le cas dans l'exemple precedent, il ne
faut pas presenter un ordre inverse au spectateur, et, par consequent,
la mise en scene doit laisser l'idee seule se manifester et eveiller le
phenomene dans l'imagination du spectateur, comme cela a eu lieu dans
celle du poete. Si, au contraire, il est sensible que l'auteur a voulu
subordonner la representation de l'idee a la presentation du phenomene,
il faut s'efforcer de realiser la mise en scene decrite par lui. Il est
clair que dans _l'Ami Fritz_, sans l'eau qui coule de la fontaine, la
legende de Rebecca n'a aucune raison de se representer a la memoire de
Sichel.
Les cas ou une mise en scene realiste s'imposera ne sont pas aussi
frequents ni aussi nombreux qu'on pourrait le croire au premier abord.
Le plus souvent, il sera prudent de s'en tenir a l'ancienne conception
decorative qui ne recherche qu'un effet simple et general. Et cela pour
deux raisons d'ordre superieur. La premiere, c'est que l'impression
que nous cause la nature se ramene toujours dans la realite a quelques
sensations tres simples, telles que la presence ou l'absence de la
lumiere, le mouvement ou le repos des objets, le bruit ou le silence, le
plus ou le moins de vapeur humide dans l'atmosphere, le plus ou le moins
de grandeur ou de profondeur, etc. Tout le surplus de nos impressions,
souvent tres complexes, nait du rapport que ces sensations simples
ont avec l'etat moral de notre ame. Il faut, par consequent, dans la
representation des effets de la nature ne pas tenir compte de ce que,
precisement, y mettra le spectateur, pour peu que l'action dramatique
ait incline son ame vers tel ou tel etat psychologique. C'est la une
raison toute philosophique.
La seconde raison a une portee esthetique a laquelle j'ai deja fait
allusion ci-dessus, et sur laquelle j'appelle l'attention
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