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a mesure que l'analyse descendra dans l'infiniment petit, l'interet du
spectateur decroitra dans la meme proportion.
Une troisieme cause, parmi beaucoup d'autres que nous pourrions encore
citer, est le dedain irreflechi de l'ecole pour la psychologie et pour
la morale. Il est particulierement un point important sur lequel elle
se trompe etrangement. L'interet qu'elle parait porter aux classes
populaires part d'un bon naturel, je veux le croire, mais l'entraine a
nous representer trop souvent comme contradictoires l'elevation
morale et l'elevation sociale, tandis que ce sont, en definitive, les
exceptions mises a part, les deux colonnes egales et paralleles qui
supportent tout l'edifice de la societe et de la civilisation. A ce
dedain de la psychologie se joint un amour immodere pour la physiologie.
Tout le monde sait que le physique reagit sur le moral; c'est un sujet
que Cabanis, au point de vue descriptif, me semble avoir epuise du
premier coup. Malheureusement, le naturalisme tend a remplacer l'etude
psychologique par la description du phenomene physiologique qui en est
l'antecedent. Or ce qu'on peut reprocher a ce procede c'est-d'etre
absolument pueril. Tous ceux qui ont un instant reflechi sur les
conditions de la production artistique savent que la description
physiologique est ce qu'il y a au monde de plus facile et de plus
banal. La difficulte et l'interet ne commencent que lorsque l'artiste
entreprend l'etude du moral.
Dans l'etat de la question, il est necessaire que l'ecole aborde le
theatre: elle y trouvera peut-etre le salut, car c'est le theatre seul
qui la forcera d'abandonner ses vaines pretentions physiologiques et
qui l'amenera a relever son ideal, en lui imposant des generalisations
necessaires. En effet, l'ecole realiste trouvera dans l'observation
des realites vivantes plus d'elements de drames et de comedies, que de
drames tout composes et de comedies toutes faites. Pour construire un
drame ou une comedie, il faut rassembler ces elements epars, les faire
concourir a une meme action, et par une logique severe, qui ne reside
que rarement dans l'esprit des etres reels, mener cette action d'un
commencement a une fin. Cette necessite theatrale sera pour l'ecole
realiste un retour force a l'ideal. Si celle-ci est assez sensee
pour joindre a l'observation realiste la methode classique, toute
psychologique, elle assurera le salut de l'art moderne, en lui infusant
une vie nouvelle; mais, si elle re
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