te. Je n'ai a m'occuper que de la mise en scene, et en particulier
de la representation des drames empruntes au theatre des Anglais, des
Espagnols et des Allemands.
Sur nos affiches, nous voyons a chaque instant annonce un drame en
cinq actes et douze tableaux. Je dis _douze_ pour prendre un exemple
quelconque. Conformement aux principes de l'esthetique, les douze
tableaux devraient se repartir dans les cinq actes, de telle sorte que
la representation mit en lumiere et imposat a l'esprit des spectateurs
les rapports que doivent avoir entre eux les tableaux renfermes dans un
meme acte. Or, en general, il n'en est absolument rien, et il est facile
de constater que si les spectateurs savent a tout instant a quel tableau
en est la piece, ils perdent rapidement la notion des actes et sont dans
l'impossibilite de dire a quel acte appartient tel ou tel tableau. Cela
tient a ce que les tableaux sont presque toujours separes les uns des
autres par des entr'actes, absolument comme s'ils etaient des actes. Il
n'y a que demi-mal quand il s'agit de pieces modernes, ou le mot _acte_
et le mot _tableau_ sont si frequemment confondus, et ou l'expression de
_cinq actes_ n'est qu'une phraseologie de convention. Dans ce cas, il
faudrait mieux indiquer simplement le nombre des tableaux, comme dans
_Nana Sahib_, qui etait denomme par son auteur _drame en sept tableaux_.
Mais, alors, pourquoi pas _drame en sept actes_? C'est un hommage tacite
rendu a l'antique division dramatique.
Ainsi nous constatons une confusion constante entre les actes et les
tableaux, et il est manifeste que parfois on emploie le mot _tableau_
uniquement parce que la duree parait un peu petite pour un acte, ce
qui est une tres mauvaise raison, un acte n'ayant pas en soi de duree
determinee. D'un autre cote, la meme confusion eclate quand il s'agit de
la representation des chefs-d'oeuvre etrangers. _Hamlet_ est un drame
en cinq actes et vingt tableaux; _Othello_, un drame en cinq actes et
quinze tableaux. Or, pour les adapter a la scene francaise, ou modifie
la physionomie de ces oeuvres par la preoccupation qu'on a de diminuer
le nombre des tableaux et d'eviter ainsi des frais et des difficultes de
mise en scene. C'est ainsi que l'_Othello_ de M. de Gramont, represente
il y a deux ans a l'Odeon, est denomme drame en cinq actes, huit
tableaux. On a fait une economie de sept tableaux, qui sont, il est
vrai, les moins importants; mais, ce qui est plus grave, c'est que
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