u rapprocher la charmille du
lieu optique. Dans le dernier acte du _Monde ou l'on s'ennuie_, tres
habilement mis en scene, les deux bosquets de droite et de gauche sont
le lieu de scenes episodiques qui s'equilibrent; mais la scene entre
Roger et Suzanne se noue et se denoue dans le lieu optique. Il y a la
une heureuse hierarchie dans les effets.
Je ne puis, on le comprendra, qu'effleurer un sujet tres complexe dans
lequel chaque cas demanderait a etre etudie en lui-meme, ce qui serait
d'un detail infini. Mais le peu que j'ai pu dire suffit a montrer que le
mouvement scenique, la disposition et le balancement des groupes,
les modifications successives des plans qu'occupent les personnages
constituent un art qui s'appuie sur la connaissance psychologique du
sujet. Il arrive souvent qu'une disposition scenique se trouve en
contradiction avec la valeur relative des personnages: dans ce cas,
l'effet sur lequel on comptait ne se produit pas, parce que la mise en
scene a contrarie et amoindri l'effet dramatique. C'est pourquoi le sens
particulier que les poetes ont de leur oeuvre leur donne une autorite
dont il ne faut pas s'affranchir legerement quand il s'agit de regler la
mise en scene; et c'est pourquoi l'instinct dramatique est de toutes les
qualites celle qui est la plus precieuse dans un metteur en scene.
Je reviens maintenant, avant de clore ce chapitre, a la mise en scene de
_Phedre_, qui me fournira l'occasion de presenter une application des
principes de statique theatrale. La disposition scenique du premier
acte ne me parait pas heureusement concue. La place qu'occupe Phedre, a
gauche de la scene et non loin de la zone invisible, n'est nullement en
rapport avec l'importance psychologique et dramatique du personnage dans
cet acte. C'est d'ailleurs une faute, a mon sens, que de faire entrer
Phedre par la gauche et de la faire asseoir du meme cote, de telle sorte
que l'acte s'acheve sans que le personnage principal, non seulement
de cet acte, mais encore du drame tout entier, ait mis le pied sur le
centre optique. Cette place a gauche est celle qui lui conviendra au
cinquieme acte, lorsqu'elle sort mourante de ses appartements. Les
moments lui sont precieux, c'est pourquoi Phedre, soutenue par ses
femmes, s'affaisse sur le premier siege a gauche qui se trouve a sa
portee. Au surplus a ce moment, et par le fait seul qu'elle meurt et
que, sinon son corps, son ame et son esprit du moins quittent la scene,
tout le poi
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