grands eloges a M. de La
Touche, et a M. de Valongne le grade de capitaine de vaisseau.
La perte des deux fregates etait d'environ trente ou quarante tues et
cent blesses. La _Gloire_ etait aussi fort endommagee et faisait eau
de toutes parts. On parvint pourtant a reparer assez bien ses avaries.
La terre n'etait pas eloignee. On l'apercut le 11 septembre. Le 12,
on reconnut l'entree de la Delaware, et l'on se preparait a mouiller
contre le cap May lorsque le vent contraire s'y opposa. Au meme
moment, une corvette anglaise vint se placer etourdiment entre les
deux fregates francaises, qu'elle croyait de sa nation. Elle fut prise
apres un echange de quelques coups de canon. Son amarinage, par la
grosse mer qu'il faisait, prit un temps tres-long. M. de La Touche fut
force de mouiller le long de la cote pendant qu'il envoyait un canot
chercher des pilotes pour entrer dans la Delaware. Le vent brisa ce
canot contre la cote; l'officier[225] et deux matelots seulement
purent se sauver a la nage. Je laisse pour le reste de ce recit la
parole au prince de Broglie.
[Note 225: M. Gandeau, capitaine marchand qui servit de second a M.
de Valongne pendant la traversee. Il s'etait distingue dans le combat
contre l'_Hector_ et avait peut-etre sauve l'_Aigle_ par une habile
manoeuvre.]
XXVIII
"Le lendemain, a la pointe du jour, une flottille anglaise, composee
d'un vaisseau de soixante-quatre, d'un de cinquante, de deux fregates
et de deux autres batiments legers, parut a deux portees de canon et
au vent; elle etait commandee par le capitaine Elphinston et portait
sur un de ses vaisseaux le prince William-Henry. L'apparition d'une
aussi nombreuse compagnie forca M. de La Touche a appareiller au plus
vite avec la _Gloire_ et a penetrer sans delai dans la Delaware, bien
qu'il n'eut pas de pilote. La navigation est fort dangereuse dans ce
fleuve, a cause des bancs de sable mouvant qui encombrent son lit;
nous primes en outre le mauvais chenal; l'_Aigle_ toucha deux fois, et
la route que nous suivions parut si dangereuse a l'ennemi meme qu'il
prit le parti de mouiller a deux grandes portees de canon de nous. M.
de La Touche en fit autant, et il nous arriva enfin des pilotes.
"Il se tint un conseil de guerre a bord de l'_Aigle_, dans lequel, vu
l'extreme danger de la position, M. le baron de Viomenil prit le parti
d'ordonner a tous les officiers passagers sur les deux fregates de
s'embarquer sur-le-champ dans des canots et
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