en retrouve les
details dans les memoires deja cites[224], les entrevues galantes que
son hote menagea aux officiers francais dans un couvent de jeunes
Portugaises, sous les yeux de leur abbesse Complaisante.
[Note 224: Segur. _Relation_ de Broglie. Mss. du Petit Thouars.]
La troupe joyeuse serait encore restee bien longtemps dans ce sejour
qui semblait enchanteur, si le devoir ne l'avait appelee ailleurs. M.
de La Touche remit a la voile le 5 aout et se dirigea d'abord vers
le nord-ouest pour prendre connaissance des depeches qu'il ne devait
ouvrir qu'a cette hauteur, avant de continuer sa route. Or ces
depeches lui enjoignaient de faire la plus grande diligence, d'eviter
tout combat, et de remettre avec la plus grande celerite possible au
comte de Rochambeau et au marquis de Vaudreuil le plan d'une nouvelle
campagne. Il se repentit, mais trop tard, du temps qu'il avait perdu,
laissa aller le vaisseau marchand par la voie ordinaire, et voulut
prendre au plus court en dirigeant les fregates directement vers
l'ouest. Il se trompait dans ses previsions, car des calmes frequents
lui firent perdre plus de quinze jours, en sorte que le vaisseau
marchand qu'il avait laisse aller seul, et qui etait pousse par les
vents alises, arriva en meme temps que lui a l'entree de la Delaware.
Les deux fregates se trouvaient du 4 au 5 septembre a la hauteur des
Bermudes, lorsqu'on signala un homme a la mer. C'etait un matelot de
l'_Aigle_, que l'on parvint a sauver en allumant des fanaux et en
lancant un canot a la mer. On eteignit aussitot les feux, comme on
le faisait toujours dans a nuit. Mais cet instant avait suffi pour
appeler sur les fregates l'attention d'un vaisseau anglais,
qui commenca immediatement l'attaque. C'etait l'_Hector_, de
soixante-quatorze canons, recemment pris sur le comte de Grasse, et
qui emmenait un convoi de prisonniers francais. La _Gloire_ supporta
seule pendant trois quarts d'heure le feu de l'ennemi et lui resista
heroiquement, puis l'_Aigle_ vint a son tour soutenir la lutte
jusqu'au jour. Malgre la superiorite de son armement, le vaisseau
anglais aurait ete pris si l'on n'avait apercu au loin une flotte
nombreuse dont on redoutait les atteintes. On apprit plus tard que
l'_Hector_ avait ete tellement maltraite qu'il avait coule a trois
cents lieues de la cote. Un batiment americain qui se trouva dans ces
parages sauva le capitaine et une partie de l'equipage.
Cette brillante affaire valut les plus
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