retendre a l'enthousiasme de miss
Medora, je suis dispose a vous aider en toute honnete entreprise, ou a
vous pardonner toute aventure agreable. Et, sur ce, je m'en vas trouver
il signor Tartaglia; car il m'a semble que le drole avait pour vous
une preference inquietante, et je veux que, par l'intermediaire de la
Daniella, il me fasse _mousser_ aupres de la celeste Medora. A propos,
ajouta-t-il en s'en allant, permettez-moi, au premier diner que
j'accepterai ici, de glisser dans l'oreille de la princesse que vous
etes epris... en tout bien tout honneur (je sais comment il faut parler
a une Anglaise!) de sa piquante cameriste.
--Dites que c'est une idee de peintre!
--Oui, c'est ca! une _tocade_! Ce sera bien assez pour vous faire
mepriser profondement. A demain! Je viendrai vous chercher pour vous
montrer un peu les principales masses de la ville. Mais je vous avertis
qu'il vous faudra bien un an pour voir tous les details! Adieu!
A present, j'entends la voix de lord B***, qui vient me chercher. Il m'a
dit qu'il se chargeait d'envoyer mes lettres en France par l'ambassade
anglaise, sans qu'elles eussent a passer par les mains de la police
papale, qui ne les laisserait point passer du tout.
X
Rome, 24 mars 185...
Je crois que je ne resterai pas ici; j'y suis abattu, faible; une
tristesse de mort me penetre par tous les pores. Est-ce de Rome,
est-ce de moi que cela vient? Ces entretiens de chaque jour avec vous
m'arrachaient a des reflexions trop personnelles et me faisaient vivre
en dehors de mon spleen. Je vais tacher de les reprendre, ne dusse-je
pas vous envoyer toutes ces ecritures.
Mais si, pourtant; il faut que je vous promene avec moi dans ce
cimetiere plus vaste, mais moins imposant mille fois que celui de Pise.
Il faut vous montrer Rome comme elle m'apparait, dusse-je vous faire
partager ma desillusion.
Par ou commencerai-je? Par le Colisee. Vous connaissez, par la peinture,
la gravure et la photographie, tous les monuments de l'Italie. Je ne
vous en decrirai aucun. Je vous dirai seulement l'impression que j'en ai
recue. Celui-ci, quoique beaucoup plus vaste, en fait, que ceux de Nimes
et d'Arles, que j'ai vus dans mon enfance, est moins saisissant. La
partie des gradins manque, et c'est ce revetement qui donne a ces
vastes arenes leur caractere solennel, et qui aide l'imagination a y
reconstruire les terribles scenes du passe. Ici, ce n'est plus qu'une
carcasse gigantesque, des construction
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