e sont pas tres-grands, mais assez doubles sans etre
lourds; ils trottent vite; ils ont de l'ardeur et de la solidite. Leur
robe est d'un beau noir, leur poil tres-fin et brillant. La tete est un
peu commune, le pied un peu vache, mais les formes sont belles quant au
reste. Ils ont le caractere hargneux, et il ne se passe pas d'heure ou
l'on ne voie, a Rome ou autour de Rome, des querelles serieuses entre
hommes et betes. Cavaliers et cochers sont intrepides, mais generalement
equitent ou conduisent avec plus de hardiesse, de violence et
d'obstination que de veritable adresse et de raisonnement. Pourtant, les
accidents sont rares, les chevaux ne manquent jamais par les jambes et
descendent a fond de train, sur les dalles, les pentes les plus rapides
des collines de la metropole.
Je remarquai, avec lord B***, qui essayait cet attelage avec attention
pour la premiere fois, que le type de ces animaux etait exactement celui
du cheval de bronze dore de Marc-Aurele dans la cour du Capitole. Il
m'a dit, et je l'ai oublie, de quelle partie des Etats de l'Eglise ils
proviennent. Ce n'est pas de l'_agro romano_, je presume, car tous les
eleves que l'on voit courir dans le steppe sont rachitiques et d'une
race vulgaire, ainsi que les juments qui les produisent. Les boeufs y
sont egalement petits et laids, bien qu'ils appartiennent a cette belle
espece d'un blanc de lait, aux cornes demesurees, que l'on voit employee
aux transports sur les routes, et aux travaux des champs dans la
region des montagnes. Cette espece est fort etrange. Elle est encore
tres-petite relativement a nos especes de France; mais la finesse de ses
formes et de son poil, la beaute de ses jambes et de sa face devraient
en faire, pour les artistes, le type de la race bovine. On emploie
pourtant le buffle de preference dans les tableaux de l'ecole romaine,
sans doute a cause de son etrangete: mais le buffle est un hideux
animal.
Cette race de boeufs blancs est, m'a-t-on dit, originaire de la Venetie;
mais le developpement vraiment fantastique des cornes me parait une
degenerescence due au sol romain, et une preuve de faiblesse plutot que
de vigueur. On laboure ici avec tout ce qui tombe sons la main dans la
prairie: boeufs, vaches, anes ou chevaux; mais on laboure tres-mal, sans
s'occuper de l'ecoulement des eaux, sans assainir ni unir le terrain. La
terre est legere et le climat favorable; mais la grande question pour
les laboureurs est de se depecher, et de
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