travail a pu etre regulier d'abord comme le
crible ignivome de la solfatare; mais une convulsion subsequente de la
masse volcanique les a tordues, embrouillees et dejetees en tous sens,
avant qu'elles fussent entierement refroidies. Voila mon explication.
Prenez-la pour celle d'un reveur et d'un ignorant; je n'y tiens pas;
mais elle a satisfait au besoin que j'eprouve toujours de me rendre
compte des bizarreries geologiques, bizarreries pures dans la solfatare
a fleur de terre que j'avais vue le matin, mais mysteres grandioses dans
la grotte de Tivoli, comme sur le chemin de Marseille a Roquefavour.
De quelles scenes effroyables, de quelles devorantes ejaculalions, de
quels craquements, de quels rugissements, de quels bouillonnements
affreux cette ravissante cavite de Tivoli a du etre le theatre! Il me
semblait qu'elle devait son charme actuel a la pensee, j'allais presque
dire au souvenir evoque en moi, des tenebreuses horreurs de sa formation
premiere. C'est la une ruine du passe autrement imposante que les debris
des temples et des aqueducs; mais les ruines de la nature ont encore sur
celles de nos oeuvres cette superiorite que le temps batit sur elles,
comme des monuments nouveaux, les merveilles de la vegetation, les frais
edifices de la forme et de la couleur, les veritables temples de la vie.
Par cette caverne, un bras de l'Anio se precipite et roule, avec un
bruit magnifique, sur des lames de rocher qu'il s'est charge d'aplanir
et de creuser a son usage. A deux cents pieds plus haut, il traverse
tranquillement la ville et met en mouvement plusieurs usines; mais, tout
au beau milieu des maisons et des jardins, il rencontre cette coulee
volcanique, s'y engouffre, et vient se briser au bas du grand rocher,
sur les debris de son couronnement detache, qui gisent la dans un
desordre grandiose.
Il me fallut, en cet endroit, me retourner, comme Orphee a la porte de
l'enfer, pour regarder mon Eurydice, car elle avait malicieusement lache
le ruban et s'etait vivement aventuree sot une planche jetee au flanc du
sentier par-dessus le vide, et appuyee sur une faible saillie du grand
rocher. C'etait une pure forfanterie, car cette planche ne conduisait a
rien, ne tenait a rien, et presentait le plus epouvantable danger. Je
vis qu'en effet ma princesse etait brave et affrontait le vertige avec
une surprenante tranquillite. Mais quoi! c'est une Anglaise, et je me
persuade toujours qu'il y a plus de fer et de bois que de se
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