s des voutes sont d'un grand effet;
mais la mosaique de marbre du pave central m'a donne un certain frisson
de respect. C'est la meme que celle du temple d'Adrien. Elle etait la,
servant au culte des dieux antiques, avant qu'une eglise eut remplace le
temple; elle avait ete foulee, usee deja par les pretres de ce dieu
Mars dont la statue est la aussi, baptisee du titre et du nom de
Saint-Ephese. Ah! si ces paves pouvaient parler! que de choses ils nous
raconteraient que notre imagination s'inquiete de ressaisir!
Mais les eaux de l'Arno ou les croupes des monts pisans en ont vu
davantage, me direz-vous.--Je vous repondrai que nous ne sommes jamais
tentes d'interroger la nature brute sur les destinees humaines. Nous
savons qu'elle gardera son secret; mais, du moment que, de ses flancs,
une pierre est sortie pour etre travaillee et employee par la main de
l'homme, cette pierre devient un monument, un etre, un temoin, et nous
la retournons dans tous les sens pour y trouver une inscription, une
simple trace qui soit une voix ou une revelation.
C'est la, je crois, en dehors de l'effet pittoresque, le grand attrait
des ruines, la curiosite! J'avoue que je suis tres-las des reflexions
imprimees, sur les destins de l'homme et la chute des empires. Ce fut la
grande mode, il y a quelque quarante ans, sous notre empire a nous, de
_pleurer_ les vicissitudes des grandes epoques et des grandes societes.
Pourtant, nous etions nous-memes grande societe et grande epoque, et
nous touchions aussi a des desastres, a des transformations, a des
renouvellements. Il me semble que regretter ce qui n'est plus, quand
on devrait sentir vivement que l'on doit etre quelque chose, est une
flanerie poetique assez creuse. Le passe qui, en bien comme en mal, a eu
sa raison d'etre, ne nous a pas laisse ces temoignages, ces debris de sa
vie, pour nous decourager de la notre. Il devrait, en nous parlant par
ses ruines, nous crier: _Agis et recommence_, au lieu de cet eternel
_Contemple et fremis_, que la mode litteraire avait si longtemps impose
au voyageur romantique des premiers jours du siecle.
L'illustre Chateaubriand fut un des plus puissants inventeurs de cette
mode. C'est qu'il etait une ruine lui-meme, une grande et noble ruine
des idees religieuses et monarchiques, qui avaient fait leur temps. Il
eut des velleites genereuses comme il convenait a une belle nature d'en
avoir. L'herbe essaya souvent de pousser et de reverdir sur ses voutes
affais
|