lut faire aucune
attention aux inconvenients qui en resultaient pour elle.
Le premier et le plus grave fut de compromettre sa reputation. On la
disait et on la savait sage. Tout le monde n'etait pas persuade qu'elle
n'eut pas eu d'autre amant que Laurent; en outre, une personne ayant
repandu qu'elle l'avait vue en Italie autrefois avec le comte de ***, qui
etait marie en Amerique, elle passait pour avoir ete entretenue par celui
qu'elle avait bien reellement epouse, et on a vu que Therese aimait mieux
supporter cette tache que de soulever une lutte scandaleuse contre le
malheureux qu'elle avait aime; mais on s'accordait a la regarder comme
prudente et raisonnable.
--Elle garde les apparences, disait-on; il n'y a jamais eu de rivalites ni
de scandale autour d'elle; tous ses amis la respectent et en disent du
bien. C'est une femme de tete et qui ne cherche qu'a passer inapercue; ce
qui ajoute a son merite.
Quand on la vit hors de chez elle au bras de Laurent, on commenca a
s'etonner, et le blame fut d'autant plus severe qu'elle s'en etait
preservee plus longtemps. Laurent etait fort prise des artistes, mais il
comptait parmi eux un tres-petit nombre d'amis. On lui savait mauvais gre
de faire le gentilhomme avec les elegants d'une autre classe, et, de leur
cote, les amis qu'il avait dans ce monde-la ne comprirent rien a sa
conversion et n'y crurent pas. Donc, l'amour tendre et devoue de Therese
passa pour un caprice effrene. Une femme chaste eut-elle choisi pour amant,
parmi les hommes serieux qui l'entouraient, le seul qui eut mene une vie
dissolue avec toutes les pires devergondees de Paris? Et, pour ceux qui ne
voulurent pas condamner Therese, la passion violente de Laurent ne parut
etre qu'une rouerie menee a bonne fin, et dont il etait assez habile pour
se _depetrer_ quand il en serait las.
Ainsi de toutes parts mademoiselle Jacques fut deconsideree pour le choix
qu'elle venait de faire et qu'elle paraissait vouloir afficher.
Telle n'etait pas, a coup sur, l'intention de Therese; mais, avec Laurent,
bien qu'il eut resolu de l'entourer de respect, il n'y avait guere moyen
de cacher sa vie. Il ne pouvait renoncer au monde exterieur, et il fallait
l'y laisser retourner pour s'y perdre, ou l'y suivre pour l'en preserver.
Il etait habitue a voir la foule et a en etre vu. Quand il avait vecu un
jour dans la retraite, il se croyait tombe dans une cave, et demandait a
grands cris le gaz et le soleil.
Avec la decon
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