ami, un mari enfin, vous seriez, vous, a
jamais preservee des dangers et des malheurs de l'avenir. Eh bien, Therese,
j'ose dire que je suis cet homme-la. Je n'ai rien de brillant pour vous
eblouir, mais j'ai le coeur solide pour vous aimer. J'ai une confiance
absolue en vous. Du moment que vous serez heureuse, vous serez
reconnaissante, et, reconnaissante, vous serez fidele et a jamais
rehabilitee. Dites oui, Therese, consentez a m'epouser, et consentez-y
tout de suite, sans effroi, sans scrupule, sans fausse delicatesse, sans
mefiance de vous-meme. Je vous donne ma vie et ne vous demande que de
croire en moi. Je me sens assez fort pour ne pas souffrir des larmes que
l'ingratitude d'un autre vous a fait verser encore. Je ne vous reprocherai
jamais le passe, et je me charge de vous faire l'avenir si doux et si sur,
que jamais le vent d'orage ne viendra vous arracher de mon sein.
Palmer parla longtemps ainsi avec une abondance de coeur que Therese ne
lui connaissait pas. Elle essaya de se defendre de sa confiance; mais
cette resistance etait, suivant Palmer, un reste de maladie morale qu'elle
devait combattre en elle-meme. Elle sentait que Palmer disait la verite,
mais elle sentait aussi qu'il voulait assumer sur lui une tache
effrayante.
--Non, lui disait-elle, ce n'est pas moi-meme que je crains. Je ne peux
plus aimer Laurent et je ne l'aime plus; mais le monde, mais votre mere,
votre patrie, votre consideration, l'honneur de votre nom? Je suis dechue,
vous l'avez dit, et je le sens. Ah! Palmer, ne me pressez pas ainsi! Je
suis trop epouvantee de ce que vous voulez affronter pour moi!
Le lendemain et les jours suivants, Palmer insista, avec energie. Il ne
laissa pas respirer Therese. Du matin au soir, seul avec elle, il
multiplia les forces de sa volonte pour la convaincre. Palmer etait un
homme de coeur et de premier mouvement; nous verrons plus tard si Therese
eut raison d'hesiter. Ce qui l'inquietait, c'etait la precipitation avec
laquelle Palmer agissait et voulait la forcer d'agir en s'engageant a lui
par une promesse.
--Vous craignez mes reflexions, lui disait-elle: vous n'avez donc pas en
moi la confiance dont vous vous vantez.
--Je crois en votre parole, repondait-il. La preuve c'est que je vous la
demande; mais je ne suis pas force de croire que vous m'aimez, puisque
vous ne repondez pas sur ce fait, et vous avez raison. Vous ne savez pas
encore quel nom donner a votre amitie. Quant a moi, je sais que
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