, en
prenant par Pise et Lucques, et en suivant ensuite le littoral par terre
ou par mer, selon qu'il se sentirait fortifie ou affaibli par les
premieres journees du voyage.
Le jour du depart arriva. Laurent avait fait tous ses preparatifs avec une
gaiete melancolique. Etincelant de plaisanteries sur son costume, sur son
bagage, sur la tournure heteroclite qu'il allait avoir avec un certain
manteau impermeable que Palmer l'avait force d'accepter et qui etait alors
une nouveaute dans le commerce, sur le baragouin francais d'un domestique
italien que Palmer lui avait choisi et qui etait le meilleur homme du
monde; acceptant avec reconnaissance et soumission toutes les previsions
et toutes les gateries de Therese, il avait des larmes plein les yeux,
tout en riant aux eclats.
La nuit qui preceda le dernier jour, il eut un leger acces de fievre. Il
en plaisanta. Le voiturin qui devait le conduire a petites journees etait
a la porte de l'hotel. La matinee etait fraiche. Therese s'inquieta.
--Accompagnez-le jusqu'a la Spezzia, lui dit Palmer. C'est la qu'il doit
s'embarquer, s'il ne supporte pas bien la voiture. C'est la que je vous
rejoindrai le lendemain de son depart. Il vient de me tomber sur la tete
une affaire indispensable qui me retient ici vingt-quatre heures.
Therese, surprise de cette resolution et de cette proposition, refusa de
partir avec Laurent.
--Je vous en supplie, lui dit Palmer avec quelque vivacite; il m'est
impossible d'aller avec vous!
--Fort bien, mon ami, mais il n'est pas necessaire que j'aille avec lui.
--Si fait, reprit-il, il le faut.
Therese crut comprendre que Palmer jugeait cette epreuve necessaire. Elle
s'en etonna et s'en inquieta.
--Pouvez-vous, lui dit-elle, me donner votre parole d'honneur que vous
avez effectivement une affaire importante ici?
--Oui, repondit-il, je vous la donne.
--Eh bien, je reste.
--Non, il faut que vous partiez.
--Je ne comprends pas.
--Je m'expliquerai plus tard, mon amie. Je crois en vous comme en Dieu,
vous le voyez bien; ayez confiance en moi. Partez.
Therese fit a la hate un leger paquet qu'elle jeta dans le voiturin, et
elle y monta aupres de Laurent, en criant a Palmer:
--J'ai votre parole d'honneur que vous venez me rejoindre dans
vingt-quatre heures.
VIII
Palmer, force reellement de rester a Florence et d'en eloigner Therese,
fut frappe d'un coup mortel en la voyant partir. Cependant le danger qu'il
redoutait
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