t l'ami d'enfance de Palmer, qui avait donne a Therese une
lettre de recommandation pour lui, dans le cas ou elle voudrait visiter le
navire en parcourant la rade.
Palmer pensa que Lawson allait lui parler d'elle, mais il n'en fut rien.
Il n'avait recu aucune lettre, il n'avait vu personne venant de sa part.
Il l'emmena dejeuner a son bord et Richard se laissa faire. _L'Union_
quittait la station a la fin du printemps; Palmer caressa l'idee de
profiter de l'occasion pour retourner en Amerique. Tout lui semblait rompu
entre Therese et lui; pourtant il resolut de rester a la Spezzia, la vue
de la mer ayant toujours eu sur lui une influence fortifiante dans les
moments difficiles de sa vie.
Il y etait depuis trois jours, habitant le navire americain beaucoup plus
que l'hotel de _la Croix de Malte_, s'efforcant de reprendre gout aux
etudes sur la navigation, qui avaient rempli la majeure partie de sa vie,
lorsqu'un jeune enseigne raconta un matin a dejeuner, moitie riant, moitie
soupirant, qu'il etait tombe amoureux depuis la veille, et que l'objet de
sa passion etait un probleme sur lequel il voudrait avoir l'avis d'un
homme du monde comme M. Palmer.
C'etait une femme qui paraissait avoir de vingt-cinq a trente ans. Il ne
l'avait vue qu'a une fenetre ou elle etait assise, faisant de la dentelle.
La grosse dentelle de coton est l'ouvrage des femmes du peuple sur toute
la cote genoise. C'etait autrefois une branche de commerce que les metiers
ont minee, mais qui sert encore d'occupation et de petit profit aux femmes
et aux filles du littoral. Donc, celle dont le jeune enseigne etait epris
appartenait a la classe des artisanes, non-seulement par ce genre de
travail, mais encore par la pauvrete du gite ou il l'avait apercue.
Cependant la coupe de sa robe noire et la distinction de ses traits lui
causaient du doute. Elle avait des cheveux ondes qui n'etaient ni bruns ni
blonds, des yeux reveurs, un teint pale. Elle avait tres-bien vu que, de
l'auberge ou il s'etait refugie contre la pluie, le jeune officier la
contemplait avec curiosite. Elle n'avait daigne ni l'encourager, ni se
soustraire a ses regards. Elle lui avait offert l'image desesperante de
l'indifference personnifiee.
Le jeune marin raconta encore qu'il avait interroge l'aubergiste de Porto
Venere. Celle-ci lui avait repondu que l'etrangere etait la depuis trois
jours, chez une vieille femme de l'endroit qui la faisait passer pour sa
niece et qui mentait proba
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