oirs, et d'avoir mecontente le duc de Toscane en usurpant dans ses
etats l'autorite souveraine. A l'egard de Venise, il voulait aussi
garder le _statu quo_. Seulement il se plaignait tres hautement de
quelques assassinats commis sur les routes, et des preparatifs qu'il
voyait faire autour de lui. Son but, en entretenant querelle ouverte,
etait de continuer a se faire nourrir, et de se menager un motif de
mettre la republique a l'amende de quelques millions, s'il triomphait
des Autrichiens. "Si je suis vainqueur, ecrivait-il, il suffirai d'une
simple estafette pour terminer toutes les difficultes qu'on me suscite."
Le chateau de Milan etait tombe en son pouvoir. La garnison s'etait
rendue prisonniere; toute l'artillerie avait ete transportee devant
Mantoue, ou il avait reuni un materiel considerable. Il aurait
voulu achever le siege de cette place, avant que la nouvelle armee
autrichienne arrivat pour la secourir; mais il avait peu d'espoir
d'y reussir, il n'employait au blocus que le nombre de troupes
indispensablement necessaire, a cause des fievres qui desolaient les
environs. Cependant il serrait la place de tres pres, et il allait
essayer une de ces surprises qui, suivant ses expressions, dependent
_d'une oie ou d'un chien_; mais la baisse des eaux du lac empecha le
passage des bateaux qui devaient porter des troupes deguisees. Des lors,
il renonca pour le moment a se rendre maitre de Mantoue; d'ailleurs
Wurmser arrivait, et il fallait courir au plus pressant.
L'armee, entree en Italie avec trente et quelques mille hommes environ,
n'avait recu que de faibles renforts pour reparer ses pertes. Neuf mille
hommes lui etaient arrives des Alpes. Les divisions tirees de l'armee de
Hoche n'avaient point encore pu traverser la France. Grace a ce renfort
de neuf mille hommes, et aux malades qui etaient sortis des depots de la
Provence et du Var, l'armee avait repare les effets du feu, et s'etait
meme renforcee. Elle comptait a peu pres quarante-cinq mille hommes,
repandus sur l'Adige et autour de Mantoue, au moment ou Bonaparte revint
de sa marche dans la Peninsule. Les maladies que gagnerent les soldats
devant Mantoue la reduisirent a quarante ou quarante-deux mille hommes
environ. C'etait la sa force au milieu de thermidor (fin de juillet).
Bonaparte n'avait laisse que des depots a Milan, Tortone, Livourne. Il
avait deja mis hors de combat deux armees, une de Piemontais et une
d'Autrichiens; et maintenant il avait a en co
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