nt tout, qu'on se donne de la peine pour lui plaire,
et moi, je m'en donnerai; mais il me le paiera, car je ne lui donnerai
de mon feu et de ma science que le rebut, encore trop bon pour lui.
Je ne pus calmer Celio. Il prenait beaucoup de cafe en jurant contre la
platitude du cafe viennois. Il cherchait a s'exciter de plus en plus.
La rage de sa defaite lui revenait plus amere. Je lui rappelai qu'il
fallait aller au theatre; il y courut en me donnant rendez-vous pour le
soir chez moi.
VI.
LA DUCHESSE.
A l'heure convenue, j'attendais Celio, mais je ne recus qu'un billet
ainsi concu:
"Mon cher ami, je vous envoie de l'argent et des papiers pour que vous
ayez a terminer demain l'affaire de mademoiselle Boccaferri avec le
theatre. Rien n'est plus simple: il s'agit de verser la somme ci-jointe
et de prendre un recu que vous conserverez. Son engagement etait a la
veille d'expirer, et elle n'est passible que d'une amende ordinaire pour
deux representations auxquelles elle fait defaut. Elle trouve ailleurs
un engagement plus avantageux. Moi, je pars, mon cher ami. Je serai
parti quand vous recevrez cet adieu. Je ne puis supporter une heure de
plus l'air du pays et les compliments de condoleance: je me facherais,
je dirais ou ferais quelque sottise. Je vais ailleurs, je pousse plus
loin. En avant, en Avant!
"Vous aurez bientot de mes nouvelles et _d'autres_ qui vous interessent
davantage.
"A vous de coeur,
"CELIO FLORIANI."
[Illustration 004.png: Tu as ete mauvais, archimauvais! (Page 83.)]
Je retournai cette epitre pour voir si elle etait bien a mon adresse:
_Adorno Salentini, place... n deg...._ Rien n'y manquait.
Je retombai aneanti, devore d'une affreuse inquietude, en proie a de
noirs soupcons, consterne d'avoir perdu la trace de Cecilia et de celui
qui pouvait me la disputer ou m'aider a la rejoindre. Je me crus joue.
Des jours, des semaines se passerent, je n'entendis parler ni de Celio
ni des Boccaferri. Personne n'avait fait attention a leur brusque
depart, puisqu'il s'etait effectue presque avec la cloture de la saison
musicale. Je lisais avidement tous les journaux de musique et de theatre
qui me tombaient sous la main. Nulle part il n'etait question d'un
engagement pour Cecilia ou pour Celio. Je ne connaissais personne
qui fut lie avec eux, excepte le vieux professeur de mademoiselle
Boccaferri, qui ne savait rien ou ne voulait rien savoir. Je me disposai
a quitter Vienne, ou je commenca
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