me le sont les levrettes, elle reculait herissee de colere
et de peur, quoiqu'elle fut de taille a m'etrangler.
--Bah! ce n'est personne, dit l'une des demoiselles, elle crie apres la
statue qui est la au fond de la grotte.
--Et si nous allions voir?
--Ma foi non, j'ai peur!
--Et moi aussi, rentrons!
--Appelons _nos garcons_!
--Ah bien oui! ils ont bien autre chose en tete, et ils se moqueront de
nous comme a l'ordinaire.
--Il fait froid, allons-nous-en.
--Il _fait peur_, sauvons-nous!
Elles rentrerent en rappelant la chienne. Tout se referma
hermetiquement, et je n'entendis plus rien pendant un quart d'heure;
mais tout a coup les cris d'une personne qui semblait frappee
d'epouvante retentirent. On parla haut sans que je pusse distinguer ni
les paroles ni l'accent. Il y eut encore un silence, puis des eclats
de rire, puis plus rien, et je perdis patience, car j'etais transi de
froid, et la maudite levrette pouvait me trahir encore, pour peu qu'on
eut le caprice de venir poser de jolis petits bras nus sur la neige de
la balustrade. Je regagnai la maison Volabu, certain qu'on ne m'avait
pas tout a fait trompe, et qu'on travaillait dans le chateau a une
oeuvre inconnue et inqualifiable, mais un peu honteux de n'avoir rien
decouvert, sinon qu'on arrangeait le _cimetiere_ et qu'on se moquait des
curieux.
La nuit etait fort avancee quand je me retrouvai dans ma petite chambre.
Je passai encore quelque temps a rallumer mon feu et a me rechauffer
avant de pouvoir m'endormir, si bien que, lorsque Volabu vint pour
m'eveiller avec le jour, il n'osa le faire, tant je m'acquittais en
conscience de mon premier somme. Je me levai tard. Il avait eu le
temps de me preparer mon dejeuner, qu'il fallut accepter sous peine de
desesperer le brave homme et madame Volabu, qui avait des pretentions
assez fondees au talent de cuisiniere. A midi, une affaire survint a mon
hote: il etait pret a y renoncer pour tenir sa parole envers moi; mais
moi, sans me vanter de mon escapade, j'avais un _fiasco_ sur le coeur,
et je me sentais beaucoup moins presse que la veille d'arriver a
Briancon. Je priai donc mon hote de ne pas se gener, et je remis notre
depart au lendemain, a la condition qu'il me laisserait payer la depense
que je faisais chez lui, ce qui donna lieu a de grandes contestations,
car cet homme etait sincerement liberal dans son hospitalite. Il eut
discute avec moi pour une misere durant le voyage, si j'eusse voulu
ma
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