la division Lapoype, le corps leger de
Montrichard, et la division Victor, sur la Haute-Trebbia, pour les
joindre a Macdonald. Lui se tenait aux environs de Novi, avec le reste
de son corps d'armee. Son plan de jonction etait profondement medite.
Il pouvait attirer l'armee de Naples a lui par les bords de la
Mediterranee, la reunir a Genes, et deboucher avec elle de la Bochetta;
ou bien la faire deboucher de la Toscane dans les plaines de Plaisance,
et sur les bords du Po. Le premier parti assurait la jonction,
puisqu'elle se faisait a l'abri de l'Apennin, mais il fallait de nouveau
franchir l'Apennin, et donner de front sur l'ennemi, pour enlever la
plaine. En debouchant au contraire en avant de Plaisance, on etait
maitre de la plaine jusqu'au Po, on prenait son champ de bataille sur
les bords meme du Po, et en cas de victoire on y jetait l'ennemi. Moreau
voulait que Macdonald eut sa gauche toujours serree aux montagnes,
pour se lier avec Victor qui etait a Bobbio. Quant a lui, il observait
Suwarow, pret a se jeter dans ses flancs des qu'il voudrait marcher a
la rencontre de Macdonald. Dans cette situation, la jonction paraissait
aussi sure que derriere l'Apennin, et se faisait sur un terrain bien
preferable.
Dans ce moment, le directoire venait de reunir dans la Mediterranee des
forces maritimes considerables. Bruix, le ministre de la marine, s'etait
mis a la tete de la flotte de Brest, avait debloque la flotte espagnole,
et croisait avec cinquante vaisseaux dans la Mediterranee, dans le but
de la delivrer des Anglais, et d'y retablir les communications avec
l'armee d'Egypte. Cette jonction tant desiree etait enfin operee, et
elle pouvait nous redonner la preponderance dans les mers du
Levant. Bruix dans ce moment etait devant Genes. Sa presence avait
singulierement remonte le moral de l'armee. On disait qu'il apportait
des vivres, des munitions et des renforts. Il n'en etait rien; mais
Moreau profita de cette opinion, et fit effort pour l'accrediter. Il fit
repandre le bruit que la flotte venait de debarquer vingt mille hommes,
et des approvisionnemens considerables. Ce bruit encouragea l'armee, et
diminua beaucoup la confiance de l'ennemi.
On etait au milieu de prairial (premiers jours de juin). Un evenement
nouveau venait d'avoir lieu en Suisse. On a vu que Massena avait occupe
la ligne de la Limmat ou de Zurich, et que l'archiduc, debouchant en
deux masses des deux extremites du lac de Constance, etait venu bo
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