naient avec eux leurs femmes,
leurs enfans, leurs bestiaux, et formaient une emigration de plus de cent
mille individus. La Rochejaquelein, d'Elbee, auraient voulu qu'on se fit
tuer sur la rive gauche; mais Talmont, d'Autichamp, qui avaient une grande
influence en Bretagne, desiraient impatiemment qu'on se transportat sur la
rive droite. Bonchamps, qui voyait, dans une excursion vers les cotes du
Nord, une grande entreprise, et qui avait, dit-on, un projet lie avec
l'Angleterre, opinait pour passer la Loire. Cependant il etait assez d'avis
de tenter un dernier effort, et d'essayer une grande bataille devant
Cholet. Avant d'engager le combat, il fit envoyer un detachement de quatre
mille hommes a Varades, pour s'assurer un passage sur la Loire en cas de
defaite.
La bataille etait resolue. Les Vendeens s'avancerent, au nombre de quarante
mille hommes, sur Cholet, le 15 octobre, a une heure apres midi. Les
generaux republicains ne s'attendaient pas a etre attaques, et venaient
d'ordonner un jour de repos. Les Vendeens s'etaient formes en trois
colonnes: l'une dirigee sur la gauche, ou etaient Beaupuy et Haxo; l'autre
sur le centre, commande par Marceau; la troisieme sur la droite, confiee a
Vimeux. Les Vendeens marchaient en ligne et en rang, comme des troupes
regulieres. Tous les chefs blesses qui pouvaient supporter le cheval
etaient au milieu de leurs paysans, et les soutenaient en ce jour qui
devait decider de leur existence et de la possession de leurs foyers. Entre
Beaupreau et la Loire, dans chaque commune qui leur restait, on celebrait
la messe, et on invoquait le ciel pour cette cause si malheureuse et si
menacee.
Les Vendeens s'ebranlent, et joignent l'avant-garde de Beaupuy, placee,
comme nous l'avons dit, dans une plaine en avant du bois de Cholet. Une
partie d'entre eux s'avance en masse serree, et charge a la maniere des
troupes de ligne; les autres s'eparpillent en tirailleurs pour tourner
l'avant-garde, et meme l'aile gauche, en penetrant dans les bois de Cholet.
Les republicains accables sont forces de plier; Beaupuy a deux chevaux tues
sous lui; il tombe embarrasse par son eperon, et allait etre pris,
lorsqu'il se jette derriere un caisson, se saisit d'un troisieme cheval, et
va rejoindre sa colonne. Dans ce moment Kleber accourt vers l'aile menacee;
il ordonne au centre et a la droite de ne pas se degarnir, et mande a
Chalbos de faire sortir de Cholet une de ses colonnes pour venir au
secours de la ga
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