ation nationale.
Marat l'a ecrit ainsi le 11 mars. Les petitions faites depuis contre nous
avec tant d'acharnement m'ont confirme dans cette opinion. C'est dans cette
circonstance que mon ame s'est brisee de douleur, et que j'ai ecrit a mes
concitoyens que j'etais sous le couteau. J'ai reclame contre la tyrannie de
Marat. C'est le seul que j'aie nomme. Je respecte l'opinion du peuple sur
Marat, mais enfin Marat etait mon tyran!..."--A ces paroles, un jure se
leve et dit: "Vergniaud se plaint d'avoir ete persecute par Marat.
J'observe que Marat a ete assassine, et que Vergniaud est encore ici."
Cette sotte observation est applaudie par une partie des spectateurs, et
toute la franchise, toute la raison de Vergniaud, restent sans effet sur la
multitude aveuglee.
Cependant Vergniaud etait parvenu a se faire ecouter, et avait retrouve, en
parlant de la conduite de ses amis, de leur devouement, de leurs sacrifices
a la republique, toute son eloquence. L'auditoire entier avait ete remue;
et cette condamnation, quoique commandee, ne semblait plus irrevocable. Les
debats avaient dure plusieurs jours. Les jacobins, indignes des lenteurs du
tribunal, adresserent une nouvelle petition a la convention, pour accelerer
la procedure. Robespierre fit rendre un decret par lequel, apres trois
jours de discussion, les jures etaient autorises a se declarer suffisamment
eclaires, et a proceder au jugement sans plus rien entendre. Et pour rendre
le titre plus conforme a la chose, il fit decider en outre que le nom de
tribunal extraordinaire serait change en celui de TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE.
Ce decret rendu, les jures n'oserent pas s'en servir sur-le-champ, et
declarerent n'etre pas suffisamment eclaires. Mais, le lendemain, ils
userent de leur nouveau pouvoir d'abreger les debats, et en demanderent la
cloture. Les accuses avaient deja perdu toute esperance, et ils etaient
resolus a mourir noblement. Ils se rendirent a la derniere seance du
tribunal avec un visage serein. Tandis qu'on les fouillait a la porte de la
Conciergerie, pour leur enlever les armes meurtrieres avec lesquelles ils
auraient pu attenter a leur vie, Valaze, donnant une paire de ciseaux a son
ami Riouffe, lui dit en presence des gendarmes: "Tiens, mon ami, voila une
arme defendue; il ne faut pas attenter a nos jours!"
[Illustration: LES GIRONDINS MARCHENT A LA MORT.]
Le 30 octobre, a minuit, les jures entrent pour prononcer la sentence.
Antonelle, leur president, ava
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