nt toujours prets a repandre de mauvaises nouvelles avec une
douleur affectee; 3 ceux qui ont change de conduite et de langage selon
les evenemens; qui, muets sur les crimes des royalistes et des
federalistes, declament avec emphase contre les fautes legeres des
patriotes, et affectent, pour paraitre republicains, une austerite, une
severite etudiees, et qui cedent aussitot qu'il s'agit d'un modere ou d'un
aristocrate; 4 ceux qui plaignent les fermiers, les marchands avides,
contre lesquels la loi est obligee de prendre des mesures; 5 ceux qui,
ayant toujours les mots de _liberte, republique_ et _patrie_ sur les
levres, frequentent les ci-devant nobles, les pretres, les
contre-revolutionnaires, les aristocrates, les feuillans, les moderes, et
s'interessent a leur sort; 6 ceux qui n'ont pris aucune part active dans
tout ce qui interesse la revolution, et qui, pour s'en disculper, font
valoir le paiement de leurs contributions, leurs dons patriotiques, leurs
services dans la garde nationale par remplacement ou autrement; 7 ceux qui
ont recu avec indifference la constitution republicaine, et ont fait
paraitre de fausses craintes sur son etablissement et sa duree; 8 ceux
qui, n'ayant rien fait contre la liberte, n'ont aussi rien fait pour elle;
9 ceux qui ne frequentent pas leurs sections, et donnent pour excuse
qu'ils ne savent pas parler, ou que leurs affaires les en empechent; 10
ceux qui parlent avec mepris des autorites constituees, des signes de la
loi, des societes populaires, des defenseurs de la liberte; 11 ceux qui
ont signe des petitions contre-revolutionnaires, ou frequente des societes
et clubs anticiviques; 12 ceux qui sont reconnus pour avoir ete de
mauvaise foi, partisans de Lafayette, et ceux qui ont marche au pas de
charge au Champ-de-Mars."
Avec une telle definition, le nombre des suspects devait etre illimite, et
bientot il s'eleva, dans les prisons de Paris, de quelques cents a trois
mille. D'abord on les avait places a la Mairie, a la Force, a la
Conciergerie, a l'Abbaye, a Sainte-Pelagie, aux Madelonettes, dans toutes
les prisons de l'etat, mais ces vastes depots devenant insuffisans, on
songea a etablir de nouvelles maisons d'arret, specialement consacrees aux
detenus politiques. Les frais de garde etant a la charge des prisonniers,
on loua des maisons a leurs depens. On en choisit une dans la rue d'Enfer,
qui fut connue sous le nom de _maison de Port-Libre_, une autre dans la rue
de Sevres, appelee
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