stinee humaine avec une eloquence entrainante. Ducos
repeta des vers qu'il avait faits en prison, et tous ensemble chanterent
des hymnes a la France et a la liberte.
Le lendemain, 31 octobre, une foule immense s'etait portee sur leur
passage. Ils repetaient, en marchant a l'echafaud, cet hymne des
Marseillais que nos soldats chantaient en marchant a l'ennemi. Arrives a la
place de la Revolution, et descendus de leurs charrettes, ils
s'embrasserent en criant: _Vive la republique!_ Sillery monta le premier
sur l'echafaud, et apres avoir salue gravement le peuple, dans lequel il
respectait encore l'humanite faible et trompee, il recut le coup fatal.
Tous imiterent Sillery, et moururent avec la meme dignite. En trente-une
minutes, le bourreau fit tomber ces illustres tetes, et detruisit ainsi en
quelques instans, jeunesse, beaute, vertus, talens. Telle fut la fin de
ces nobles et courageux citoyens, victimes de leur genereuse utopie. Ne
comprenant ni l'humanite, ni ses vices, ni les moyens de la conduire dans
une revolution, ils s'indignerent de ce qu'elle ne voulait pas etre
meilleure, et se firent devorer par elle, en s'obstinant a la contrarier.
Respect a leur memoire! jamais tant de vertus, de talens, ne brillerent
dans les guerres civiles; et il faut le dire a leur gloire, s'ils ne
comprirent pas la necessite des moyens violens pour sauver la cause de la
France, la plupart de leurs adversaires, qui prefererent ces moyens, se
deciderent par passion plutot que par genie. On ne pourrait mettre au
dessus d'eux que celui des montagnards qui se serait decide pour les moyens
revolutionnaires, par politique seule et non par l'entrainement de la
haine.
A peine les girondins eurent-ils expire, que de nouvelles victimes furent
immolees apres eux. Le glaive ne se reposa pas un instant. Le 2 novembre,
on mit a mort l'infortunee Olympe de Gouges, pour des ecrits pretendus
contre-revolutionnaires, et Adam Lux, depute de Mayence, accuse du meme
delit. Le 6 novembre, le malheureux duc d'Orleans, transfere de Marseille a
Paris, fut traduit au tribunal revolutionnaire, et condamne pour les
soupcons qu'il avait inspires a tous les partis. Odieux a l'emigration,
suspect aux girondins et aux jacobins, il n'inspirait aucun de ces regrets
qui consolent d'une mort injuste. Plus ennemi de la cour qu'enthousiaste de
la republique, il n'eprouvait pas cette conviction qui soutient au moment
supreme; et il fut de toutes les victimes la moins dedo
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