ssignats royaux, rentres par le decret qui les demonetisait, et
convertis en une somme egale d'assignats republicains. Il restait donc pour
le service neuf cents millions environ.
Ce qui paraitra extraordinaire, c'est que l'assignat, qui perdait trois
quarts et meme quatre cinquiemes, etait remonte au pair avec l'argent. Il y
avait, dans cette hausse, du reel et du factice. La suppression graduelle
d'un milliard flottant, le succes de la premiere levee, qui venait de
produire six cent mille hommes en un mois de temps, les dernieres victoires
de la republique, qui assuraient presque son existence, avaient hate le
debit des biens nationaux, et rendu quelque confiance aux assignats, mais
point assez cependant pour les egaler a l'argent. Voici les causes qui les
mirent, en apparence, au pair avec le numeraire. On se souvient qu'une loi
defendait, sous des peines graves, le commerce de l'argent, c'est-a-dire
l'echange a perte de l'assignat contre l'argent; qu'une autre loi punissait
aussi de peines severes celui qui, dans les achats, traiterait a des prix
differens, selon que le paiement aurait lieu en papier ou en numeraire. De
cette maniere, l'argent, echange soit contre l'assignat, soit contre la
marchandise, ne pouvait valoir son prix reel, et il ne restait plus qu'a
l'enfouir. Mais une derniere loi portait que l'argent, l'or ou les bijoux
enfouis, appartiendraient, partie a l'etat, partie au denonciateur. Des
lors on ne pouvait ni se servir de l'argent dans le commerce, ni le cacher;
il etait a charge, il exposait le detenteur a passer pour suspect; on
commencait a s'en defier et a preferer l'assignat pour l'usage journalier.
C'est la ce qui retablit momentanement le pair, qui n'avait jamais
reellement existe pour le papier, meme au premier jour de sa creation.
Beaucoup de communes, y ajoutant leurs lois a celles de la convention,
avaient meme defendu la circulation du numeraire, et ordonne qu'il fut
apporte dans les caisses pour y etre change en assignats. La convention, il
est vrai, avait aboli toutes ces decisions particulieres des communes; mais
les lois generales portees par elle n'en rendaient pas moins le numeraire
inutile et dangereux. Beaucoup de gens le portaient a l'impot ou a
l'emprunt, ou bien le donnaient aux etrangers qui en faisaient un grand
commerce, et qui venaient dans les villes frontieres le recevoir contre des
marchandises. Les Italiens, et les Genois surtout, qui nous apportaient
beaucoup de ble,
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