nvaincue. Chauveau-Lagarde fit d'inutiles efforts
pour la defendre; et cette reine infortunee fut condamnee a partager le
supplice de son epoux.
Ramenee a la Conciergerie, elle y passa avec assez de calme la nuit qui
preceda son execution; et le lendemain, 16 octobre, au matin, elle fut
transportee, au milieu d'une populace nombreuse, sur la place fatale ou,
dix mois auparavant, avait succombe Louis XVI. Elle ecoutait avec calme les
exhortations de l'ecclesiastique qui l'accompagnait, et promenait un
regard indifferent sur ce peuple qui tant de fois avait applaudi a sa
beaute et a sa grace, et qui aujourd'hui applaudissait a son supplice avec
le meme empressement. Arrivee au pied de l'echafaud, elle apercut les
Tuileries, et parut emue; mais elle se hata de monter l'echelle fatale, et
s'abandonna avec courage aux bourreaux. L'infame executeur montra la tete
au peuple, comme il faisait toujours quand il avait immole une victime
illustre.
Les jacobins furent combles de joie. "Qu'on porte cette nouvelle a
l'Autriche, dirent-ils; les Romains vendaient le terrain occupe par
Annibal; nous faisons tomber les tetes les plus cheres aux souverains qui
ont envahi notre territoire."
Mais ce n'etait la que le commencement des vengeances. Immediatement apres
le jugement de Marie-Antoinette, il fallut proceder a celui des girondins
enfermes a la Conciergerie.
Avant la revolte du Midi, on ne pouvait leur reprocher que des opinions. On
disait bien, a la verite, qu'ils etaient complices de Dumouriez, de la
Vendee, de d'Orleans; mais cette complicite, facile a imputer a la tribune,
etait impossible a prouver, meme devant un tribunal revolutionnaire. Depuis
le jour, au contraire, ou ils leverent l'etendard de la guerre civile, et
ou l'on eut contre eux des faits positifs, il devint facile de les
condamner. A la verite, les deputes detenus n'etaient pas ceux qui avaient
provoque l'insurrection du Calvados et du Midi, mais c'etaient les membres
du meme parti, les soutiens de la meme cause; on avait la conviction intime
qu'ils avaient correspondu les uns avec les autres; et quoique les lettres
interceptees ne prouvassent pas suffisamment la complicite, elles
suffisaient a un tribunal qui, par son institution, devait se contenter de
la vraisemblance. Toute la moderation des girondins fut donc transformee en
une vaste conspiration, dont la guerre civile avait ete le denouement. Leur
lenteur, sous la legislative, a s'insurger contre le tr
|