revelations, soit qu'il eut abuse de son age et de son etat pour
lui arracher tout ce qu'il voulait, il provoqua une deposition revoltante;
et comme l'age du jeune prince ne permettait pas de le conduire au
tribunal, Hebert vint y rapporter a sa place les infamies que lui-meme
avait dictees ou supposees.
Ce fut le 14 octobre que Marie-Antoinette parut devant ses juges. Trainee
au sanglant tribunal par l'inexorable vengeance revolutionnaire, elle n'y
paraissait avec aucune chance d'acquittement, car ce n'etait pas pour l'y
faire absoudre que les jacobins l'y avaient appelee. Cependant il fallait
enoncer des griefs. Fouquier recueillit les bruits repandus dans le peuple,
depuis l'arrivee de la princesse en France; et, dans l'acte d'accusation,
il lui reprocha d'avoir dilapide le tresor, d'abord pour ses plaisirs, puis
pour faire passer des fonds a l'empereur son frere. Il insista sur les
scenes des 5 et 6 octobre, et sur le repas des gardes-du-corps, pretendant
qu'elle avait trame a cette epoque un complot qui obligea le peuple a se
transporter a Versailles pour le dejouer. Il lui imputa ensuite de s'etre
emparee de son epoux, de s'etre melee du choix des ministres, d'avoir
conduit elle-meme les intrigues avec les deputes gagnes a la cour, d'avoir
prepare le voyage a Varennes, d'avoir amene la guerre, et livre aux
generaux ennemis tous nos plans de campagne. Il l'accusa d'avoir prepare
une nouvelle conspiration au 10 aout, d'avoir fait tirer ce jour-la sur le
peuple, et engage son epoux a se defendre en le taxant de lachete; enfin de
n'avoir cesse de machiner et de correspondre au dehors depuis sa captivite
au Temple, et d'y avoir traite son jeune fils en roi. On voit comment tout
est travesti et tourne a crime au jour terrible ou les vengeances des
peuples long-temps differees eclatent enfin, et frappent ceux de leurs
princes qui ne les ont pas meritees. On voit comment la prodigalite,
l'amour des plaisirs, si naturels chez une jeune princesse, comment son
attachement a son pays, son influence sur son epoux, ses regrets, plus
indiscrets toujours chez une femme que chez un homme, son courage meme plus
hardi, se peignaient dans ces imaginations irritees ou mechantes.
Il fallait des temoins: on appela Lecointre, depute de Versailles, qui
avait vu les 5 et 6 octobre; Hebert, qui avait souvent visite le Temple;
divers employes des ministeres, et plusieurs domestiques de l'ancienne
cour. On tira de leurs prisons, pour les fa
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