s de son aieul Louis le
Pieux. Aussi trouve-t-on appliquees a Herbert, dans les textes, les
epithetes suivantes: "traitre plein de perfidie, menteur le plus
fourbe, le dernier des infideles et des indignes, le plus mauvais des
seigneurs francais, l'instigateur de tous les maux"; la note
dramatique ne manque pas dans plusieurs recits de sa mort, ou l'on
voit poindre l'idee d'un chatiment celeste exprimee par les
circonstances legendaires dont ils sont agrementes[92].
Les historiens modernes n'ont jamais essaye sinon de justifier la
conduite d'Herbert, du moins de la concilier avec les pratiques
tolerees alors par les usages entre belligerants. Il est clair, en
effet, que si l'acte sans precedent du comte de Vermandois revoltait
l'opinion--et on en releve la trace certaine--c'est qu'il etait
considere comme un attentat brutal au droit de legitimite des lors
etabli, un crime de lese-majeste envers la personne sacree du suzerain
a qui fidelite avait ete juree. Comment se fait-il que des seigneurs
puissants et independants comme Hugues le Grand et surtout Raoul de
Bourgogne ne s'y soient pas opposes et n'aient pas contraint Herbert a
se dessaisir de la personne de ce fantome de roi, qui etait plus
redoutable pour eux entre les mains de l'intrigant comte de Vermandois
qu'en liberte? Il y a la un de ces faits historiques difficiles a
expliquer parce qu'ils resultent d'un concours extraordinairement
complexe de circonstances et d'influences morales determinant, dans
les rapports politiques, une tension anormale qui aboutit presque
fatalement a des mesures extremes. Il ne faut pas, toutefois, oublier
qu'Herbert etait arriere-petit-fils de l'infortune Bernard d'Italie,
la victime du bisaieul de Charles le Simple, Louis le Pieux, entre
les mains duquel il etait tombe a la faveur d'un guet-apens analogue a
celui qui nous occupe[93].
On peut se demander si Herbert II, imbu des traditions de famille si
vivaces a cette epoque, ne saisit point cette occasion pour la maison
de Vermandois d'exercer son "droit de vengeance" sur la branche
carolingienne regnante. Celle-ci l'avait evincee, en effet, de la
succession a l'empire et ensuite frappee par un acte de sauvagerie
inoui. Or le droit de vengeance privee est parmi les vieilles coutumes
germaniques une de celles qui etaient les plus ancrees dans les moeurs
au moyen age, puisqu'on en trouve encore des traces jusqu'au XVe
siecle[94]. Charlemagne en s'associant son second fils Louis le
|