ur des vassaux du duc de France[153].
La defaite des Normands a Eu, suivant de pres l'echec de Roegnvald a
Chalmont, fit renaitre un peu de confiance parmi les populations. Les
communautes monastiques, qui s'etaient enfuies devant les
envahisseurs, reprirent avec leurs reliques, le chemin de leurs
monasteres abandonnes: ainsi les moines de Saint-Maur-des-Fosses[154]
et de Saint-Berchaire ou Montierender[155]. Les premiers etaient deja
revenus du Lyonnais vers le 23 aout. Raoul avait temoigne une
bienveillance toute speciale a l'egard des moines de Montierender, en
leur accordant asile et protection dans son duche. Il s'etait assure
ainsi leur appui, qui lui avait deja servi lors de son elevation au
trone; et en les rapatriant, il acquit de nouveaux titres a leur
reconnaissance.
Tandis que la lutte contre les Normands etait poussee avec vigueur, le
roi de Germanie, Henri, franchissant le Rhin, avait enleve de vive
force aux hommes de Gilbert la forteresse de Zuelpich et s'etait
bientot retire apres s'etre fait livrer des otages par le duc[156]. De
retour en Lorraine, vers la fin de l'annee, il parvint a decider tous
les feudataires a lui preter l'hommage[157]. Seul l'eveque de Metz,
Witger, fit quelque resistance, mais il fut contraint par la force a
se soumettre[158].
Le propre frere de Raoul, Boson, fut oblige de faire comme les autres
et de reconnaitre la suzerainete du roi de Germanie. A Verdun l'eveque
Hugues, installe par Raoul, dut ceder son poste a Bernoin, neveu de
l'eveque Dadon: ce remplacement ne pouvait etre qu'agreable aux
Lorrains, puisque Bernoin appartenait a une famille indigene[159].
Le changement si subit survenu en Lorraine, a la suite de la prise de
Zuelpich, un an a peine apres une soumission en apparence definitive,
doit s'expliquer par l'absence trop prolongee du roi et son
incapacite, en face du peril normand, d'affermir son pouvoir en un
pays ou le regime feodal, deja fortement implante, rendait toute
souverainete presque illusoire, ou toute menace un peu serieuse devait
necessairement amener des defections.
Ces evenements arrives avec une rapidite prodigieuse deciderent pour
un certain temps du sort de la Lorraine. Desormais le nom du roi de
Germanie apparaitra d'une facon constante dans les dates des actes
passes en la region. Il ne faudrait pas, cependant, aller jusqu'a
dire, comme on l'a fait[160], que la Lorraine est des lors, sous
Gilbert, fils de Renier Ier et gendre d'Henri I
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