e vengeance et decides a mettre
fin, par un exemple, aux entreprises de leurs infatigables
adversaires, incendierent la place et passerent au fil de l'epee toute
la population male. Quelques Normands parvinrent toutefois a
s'echapper et se refugierent dans une petite ile de la Brele, voisine
du rivage. Les Francais les y poursuivirent, s'emparerent de l'ile
avec plus de peine encore que de la place d'Eu et commencerent un
nouveau massacre. Les derniers survivants, perdant tout espoir, apres
avoir defendu vaillamment leur vie, se jeterent a l'eau: plusieurs
furent engloutis par les flots et ceux qui nagerent jusqu'a la terre
ferme furent tues en abordant au rivage. Plusieurs enfin voyant qu'on
ne leur faisait point quartier se donnerent eux-memes la mort, selon
la coutume scandinave, pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi[151].
L'extreme ferocite de cette guerre s'explique par l'etat
d'exasperation ou en etaient arrivees des populations si longtemps
eprouvees par les fureurs devastatrices d'un ennemi rapace, cruel et
insaisissable. La conquete de Rollon etait serieusement menacee. Les
Francais a leur tour s'emparerent d'un enorme butin, mais ils ne
pousserent pas plus avant. Raoul etablit son camp en Beauvaisis avec
les Bourguignons et le marquis Hugues, de maniere a proteger le pays
contre tout essai de revanche[152].
A quelque temps de la, vers la fin d'aout, Hugues, de retour a Paris,
conclut avec les Normands un accord, dans le genre de celui de 924,
afin d'assurer l'integrite de ses domaines: il avait a craindre des
represailles contre les habitants du Bessin et du Parisis. Personne ne
devait etre bien sincere dans ces negociations. Hugues ne pouvait se
meprendre sur les intentions des Normands: ils voulaient s'assurer le
calme dans leurs foyers pour exercer leur vengeance contre Arnoul de
Flandre, Helgaud et les Francais du nord dont ils avaient eu tout
particulierement a souffrir dans la derniere affaire. Ils stipulerent
donc que les domaines des fils de Baudoin II le Chauve, Arnoul de
Flandre et Allou, comte de Boulogne-Terouanne, de Raoul de Gouy et
d'Helgaud de Ponthieu, resteraient en dehors de l'arrangement. Ils
n'avaient pas eu de peine a ranimer la rivalite latente entre Hugues
de France et les puissants feudataires flamands, arriere-petits-fils
de Charles le Chauve par leur grand'mere paternelle Judith, mais il
etait evident qu'aussitot apres l'expedition projetee contre ces
derniers, viendrait le to
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