able rapidite. Lui blesse, et par consequent condamne pour un
temps assez long au repos, les Normands et les Hongrois livraient au
pillage les environs de Laon et de Reims. Enhardi par les embarras
d'un suzerain qu'il n'avait reconnu que contraint et force, le duc
d'Aquitaine fit defection. Un de ses freres, probablement Affre, se
jeta sur Nevers et y prit une attitude telle que Raoul, craignant pour
son duche de Bourgogne [171], se hata de transiger avec les Normands:
il leur acheta la paix moyennant une forte indemnite reunie a l'aide
d'un impot special (_exactio pecuniae collaticiae_) leve sur la
France septentrionale et la Bourgogne. Les Hongrois disparurent
heureusement, aussi vite qu'ils etaient venus.
A peine remis de sa blessure, Raoul prit le commandement d'une armee
franco-bourguignonne, et, accompagne d'Herbert de Vermandois, se
dirigea sur Nevers. Il ne s'y attarda pas, se bornant a se faire
livrer des otages [172], car son objectif etait avant tout la
soumission de Guillaume d'Aquitaine. Il penetra sur les domaines de ce
dernier et le harcela sans treve, jusqu'a ce que la nouvelle d'un
retour offensif des Hongrois vint le contraindre a se replier sur son
duche. Ces envahisseurs passaient avec la rapidite d'un ouragan. Il
etait presque impossible de les atteindre pour les combattre: pendant
deux annees consecutives ils reparaissent, sans qu'il soit question
d'une seule rencontre dans les textes [4].
Raoul sejourna le 10 decembre a Sens, ou a la priere du comte de
Troyes, Richard, et de l'eveque Anseis, il confirma les privileges et
possessions de l'abbaye de Montieramey[174].
Il traversait une periode d'echecs. Un mariage de son beau-frere
Hugues lui profita plus que ses expeditions indecises: le duc de
France epousa Eadhild, fille d'Edouard Ier l'Ancien, roi des
Anglo-Saxons, la propre soeur d'Ogive, femme de Charles le
Simple[175]. Cette alliance avait certainement un caractere politique:
Hugues, par cette union princiere, se posait nettement en rival
d'Herbert pour recueillir la succession eventuelle de Raoul. L'appui
des Anglo-Saxons lui etait desormais assure et par suite, a Raoul,
contre Herbert, le geolier de Charles le Simple. Dans une curieuse
precaire du chapitre de Saint-Martin de Tours, ou l'on voit paraitre a
la fois l'abbe Hugues et sa soeur la reine Emma, la date donnee
d'apres le calcul des annees du regne de Raoul porte la mention de la
captivite de Charles[176]. Il semble que ce soit
|