nte de fait. Le
seul heritier du trone, le batard Charles-Constantin, avait possede le
comte de Vienne depuis 926, pendant les dernieres annees de son pere:
il en fut, semble-t-il, depouille en meme temps que du pouvoir supreme
qu'il aurait du recueillir. En novembre 928, le roi Hugues parait a
Vienne, ou il se rencontre avec le roi Raoul qui etait le propre
cousin germain de Louis l'Aveugle. Les negociations entre les deux
pretendants sont malheureusement inconnues. Nous ne pouvons en juger
que d'apres les resultats. Le comte de Vermandois, reconcilie depuis
peu avec son suzerain, sut encore negocier assez habilement afin de se
faire conceder "la province de Viennoise" pour son fils Eudes[205].
Ainsi cet ambitieux seigneur s'efforcait de fonder pour sa maison un
centre d'influence situe au midi, dans un pays dependant de l'ancien
royaume de Boson. Ces domaines devaient venir s'ajouter aux
dependances bourguignonnes de l'archeveche de Reims, dont Herbert
etait administrateur[206]. Cette combinaison, fort bien imaginee,
n'eut pas neanmoins la suite qu'esperait le comte de Vermandois.
Vienne demeura d'abord temporairement sous la domination de son
archeveque faisant fonctions de vicomte, et, bientot apres,
Charles-Constantin dut rentrer en possession de ses droits, car au
commencement de 931 on le voit maitre de la cite ou jamais Eudes de
Vermandois ne semble avoir exerce la moindre autorite. Raoul eut
neanmoins des lors la suzerainete effective sur le Viennois.
Apres avoir ainsi satisfait, autant qu'il etait en mesure de le faire,
les appetits d'Herbert, Raoul, peut-etre sous l'influence de Hugues,
beau-frere du Carolingien, s'enquit du sort de l'infortune Charles.
Il se rendit a Reims ou Herbert le tenait sous bonne garde. Raoul
aborda respectueusement son ancien souverain, lui offrit des presents
de valeur, et lui fit remise du fisc royal d'Attigny, peut-etre aussi
de celui de Ponthion-sur-l'Ornain[207]. Aucun arrangement, aucun
compromis ne parait etre intervenu entre eux. Il est toutefois certain
que l'acceptation par Charles des dons de Raoul constituait une
veritable abdication tacite. On ne saurait admettre, en effet, avec
Leibniz[208], que Raoul eut recu de Charles l'investiture du royaume a
titre de vassal: c'est tout a fait contraire aux termes precis et
formels qu'emploie l'historien Flodoard pour relater le fait dans ses
_Annales_[209], et une telle hypothese est bien hardie, en l'absence
de tout precedent
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