paix au pays
par son triomphe sur les Normands[219].
La defaite normande fut suivie du retour des moines dans leurs
couvents. Ceux de Charroux revinrent d'Angouleme ou ils avaient
cherche refuge. Les reliques de saint Genoul furent rapportees a
Estrees, celles de saint Benoit a Saint-Benoit-sur-Loire, qui avait
echappe a Roegnvald[220].
Dans le nord, la mesintelligence entre Hugues et Herbert allait
croissant. Ernaut de Douai, vassal de Hugues, venait de passer au
parti d'Herbert, et des hostilites accompagnees de devastations en
etaient resultees. Raoul quittant la Bourgogne ou il etait encore, le
23 mars, a Autun[221], s'interposa comme mediateur, reunit plusieurs
plaids et parvint a conclure un arrangement. Son frere Boson y fut
aussi compris. Herbert devait lui rendre Vitry[222]. On apercoit ainsi
la raison interessee de l'intervention de Raoul en faveur de Hugues.
Herbert le sentait bien et pour s'en venger, il provoqua la defection
d'Anseau, vassal de Boson, qui gardait Vitry, lui donnant Coucy comme
prix de sa trahison. Les represailles ne se firent pas attendre.
Boson, Gilbert et les Lorrains s'entendirent avec Hugues qui leur
faisait des avances, et tandis que Raoul retournait en Bourgogne, les
allies ayant opere leur jonction assiegeaient et prenaient Douai, dont
Roger de Laon fut investi par Hugues. Quant a Ernaut, refugie aupres
d'Herbert, il fut dedommage par la cession de Saint-Quentin. Boson
parvint a rentrer dans Vitry. Il enleva meme Mouzon par ruse a
Herbert, mais celui-ci profita de la premiere absence de Boson, vers
la Noel, pour passer la Meuse a l'improviste et penetrer dans la
place, dont les portes lui furent ouvertes par des amis: la garnison
lorraine fut faite prisonniere[223].
Herbert faisait face a tout par des prodiges d'adresse et d'activite,
mais sa situation etait des plus mauvaises depuis sa rupture avec
Hugues. Raoul, au contraire, gagnait tous les jours en autorite. En
930, sa souverainete s'etait etendue en Aquitaine; l'annee suivante il
affirma a nouveau sa suzerainete sur l'importante partie du royaume de
Provence occupee par lui depuis 928. S'etant rendu avec une escorte en
Viennois, il recut la soumission formelle de son neveu
Charles-Constantin, devenu comte de Vienne, au mepris des droits
consentis a Eudes de Vermandois[224]. C'etait la preuve evidente de sa
rupture definitive avec Herbert. De la il se rendit "en pelerinage" a
Saint-Martin de Tours, en realite aupres de H
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