is les armes a l'appel de Charles. Ils
entrerent enfin en campagne. Le roi-de-mer Roegnvald, chef de la
colonie scandinave qui depuis des annees dominait sur l'estuaire de la
Loire, mecontent sans doute des concessions illusoires que lui avait
faites Robert[101] et obeissant d'ailleurs aux messages anterieurs de
Charles, avait pris le commandement des Normands de Rollon etablis sur
les bords de la basse Seine, et fait irruption en "France", en passant
l'Oise. Un premier echec que lui infligerent les vassaux du comte de
Vermandois, aides de plusieurs seigneurs du nord de la France, les
comtes Raoul de Gouy et Enjorren de Leuze[102], n'eut d'autre effet
que de le pousser a de plus graves devastations. Une nouvelle defaite
qu'il essuya en luttant contre le comte d'Arras, Alleaume, le
contraignit cependant a reculer. Les pillages n'en continuerent pas
moins. Hugues se decida enfin a demander assistance a son beau-frere
le roi Raoul.
Celui-ci accourut a Compiegne, en plein pays envahi, avec ses troupes.
Les contingents fournis par l'archeveque Seulf, par Herbert et les
autres vassaux etant venus le joindre, il se sentit assez fort pour
passer de la defensive a l'offensive. Il penetra en Normandie, au dela
de l'Epte, et par represailles ravagea tout le pays, en chassant
devant lui les bandes pillardes[103]. Cette pointe hardie en avant
demontrait a la fois la valeur militaire du nouveau roi et son desir
bien arrete de regner autrement que de nom. La lutte contre les
Normands etait assurement le meilleur moyen de s'attacher les
populations qui avaient eu tant a souffrir des incursions des pirates,
par suite de l'indifference ou de l'impuissance apathique de certains
rois carolingiens. Cependant Raoul ne pouvait s'attarder a
pourchasser une poignee de brigands, quand la plupart des seigneurs
lorrains, qui jusqu'alors avaient sans cesse lutte pour Charles,
desesperant de sa cause, depuis sa captivite, envoyaient un message
pour offrir de faire leur soumission. Il etait urgent de repondre a
leurs propositions conciliantes et avantageuses, si l'on ne voulait
pas en perdre le benefice et voir ce pays echapper de nouveau a la
France. Raoul reunit donc les grands vassaux qui l'entouraient pour
prendre conseil, et il fut decide que ceux-ci continueraient seuls la
poursuite des fuyards tandis que lui-meme se rendrait immediatement en
Lorraine[104].
Raoul s'arreta d'abord sur la frontiere, a Monzon. L'eveque de Metz
Guerri vint l'y
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