orte la guerre sur leur
territoire. Son but parait avoir ete de montrer a l'"usurpateur" Raoul
que si les Normands de la Seine avaient accepte de deposer les armes,
lui, Roegnvald, n'ayant point recu satisfaction, n'etait nullement
dispose a imiter leur exemple, qu'il entendait faire cherement payer
sa retraite et que l'eloignement de la Bourgogne ne suffisait pas pour
la mettre a l'abri des represailles normandes.
La temerite d'une pareille tentative explique peut-etre la facilite
avec laquelle Hugues et Guillaume laisserent l'ennemi se diriger, sans
l'inquieter, sur la Bourgogne, en l'absence de Raoul, alors retenu
dans la France du nord. Il est surprenant que ces deux puissants
vassaux se soient resolus par egoisme et indifference, a laisser
piller les domaines de leur suzerain. Il faut peut-etre supposer une
tactique de leur part pour tendre un piege aux Normands; sinon on ne
pourrait y voir qu'une lachete contraire a leurs devoirs feodaux. On
en jugera d'ailleurs par ce qui suivit.
Tandis que Roegnvald penetrait dans la Bourgogne, pillant tout sur son
passage, les comtes Garnier de Sens, Manasses de Dijon, avec les
eveques Josselin de Langres et Anseis de Troyes, prevenus peut-etre
sous main par le marquis Hugues, avaient rassemble leurs vassaux. Ces
seigneurs se porterent a la rencontre des Normands qui se retiraient
vers la France du nord, charges de butin. Le choc eut lieu sur les
confins du Gatinais, a Chalmont, le 6 decembre. La lutte fut acharnee.
Il s'agissait pour les Normands d'assurer leur retraite, et les
Bourguignons etaient decides a leur faire expier les ravages qu'ils
avaient faits chez eux. Huit cents Normands resterent, dit-on, sur la
place. Du cote bourguignon, le comte Garnier ayant eu son cheval tue
sous lui fut pris et mis a mort. Enfin l'eveque Anseis, qui se battait
vaillamment a la tete de ses gens, fut grievement blesse. Le reste de
l'armee normande continua vers le nord jusqu'aux rives de la Seine,
puis s'arreta pour camper, probablement dans la region voisine du
confluent de l'Ecole[138].
Dans l'intervalle, le roi Raoul completement retabli, mis au courant
de ce qui se passait, n'avait pas perdu un instant. Ayant reuni a la
hate les vassaux de l'eglise de Reims, il les entraina a sa suite avec
l'eveque de Soissons, Abbon, quelques autres amis devoues et meme
Herbert de Vermandois, qui resta prudemment a l'arriere-garde,
toujours pret a tirer parti des evenements. Des qu'il s'approch
|