i suspect et si odieux a Raoul, que celui-ci ne voulut
tenir aucun compte de ces nouvelles propositions d'hommage. Un plaid
reuni a Attigny decida meme qu'une expedition serait faite en Lorraine
pour soumettre les seigneurs qui n'avaient pas encore reconnu la
suzerainete du nouveau roi[129].Malheureusement, sur ces entrefaites,
Raoul tomba gravement malade. Une amelioration passagere de son etat
fut suivie d'une rechute tellement violente qu'il se fit transporter
dans un etat presque desespere a Saint-Remy, pour implorer
l'assistance de l'apotre des Francs. L'idee de ce pelerinage est fort
interessante a examiner au point de vue psychologique: il est clair
que Raoul doutait un peu de la legitimite de sa royaute et qu'il
voulait calmer ses scrupules de conscience, en se mettant sous la
protection du saint dont il considerait l'archeveque de Reims comme le
mandataire, dans la ceremonie du sacre. Il est probable que l'exemple
recent de la mort de Robert le hantait. Aussi disposa-t-il par
testament de presque tous ses biens en faveur du monastere de
Saint-Remy et de diverses abbayes de France et de Bourgogne, n'en
reservant qu'une bien faible part a la reine Emma[130].
Au bout de quatre semaines, sa guerison etait complete, mais il
n'etait pas encore suffisamment retabli pour entreprendre une campagne
en Lorraine. Henri l'Oiseleur etait aussi, a son tour, tombe malade
sur les frontieres slaves, dans le courant de l'ete. L'occasion eut
ete extremement favorable, mais Raoul avait encore besoin de repos. De
Reims il se rendit d'abord a Soissons, puis en Bourgogne[131].
Avant son depart, il avait charge Hugues, Herbert et Seulf de conclure
la paix projetee avec les Normands. Ceux-ci profiterent de
l'incapacite de rien entreprendre, ou se trouvait alors le roi, pour
se montrer exigeants. Ils demanderent a nouveau l'extension de leur
fief "outre Seine" et Hugues dut se resigner a leur abandonner le
Maine qu'il venait de recouvrer et le Bessin[132]. A ce prix ils
consentirent a conclure une paix definitive ... au moins en
apparence[133].
Vers ce temps-la, en octobre 924, un synode fut reuni a Trosly[134]
pour juger le differend survenu entre le comte de Cambrai, Isaac, et
son eveque Etienne. Isaac etait alle jusqu'a prendre et incendier un
chateau episcopal. Le clerge remois s'en emut, et le synode ou furent
admis plusieurs pairs laiques du comte de Cambrai, notamment le comte
de Vermandois, contraignit Isaac a s'amender et
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