ques mecontents. L'historien Flodoard fut de leur
nombre et cela lui couta la prebende qu'il avait recue de l'archeveque
Herve. D'autres recalcitrants furent traites encore plus mal. Herbert
n'hesita pas a user de violence, meme vis-a-vis du clerge, et deux
ecclesiastiques furent tues par ses gens au cours des troubles, dans
le cloitre des chanoines[166].
D'autre part, les Normands ne tarderent pas a vouloir tirer vengeance
de l'effroyable massacre d'Eu. Ils ravagerent avec leur flotte le
littoral du Boulonnais, concentrerent une nouvelle armee et envahirent
l'Artois. Raoul se tenait encore sur ses gardes. Il opera sa jonction
avec Herbert et les seigneurs des regions cotieres du nord, et reussit
a cerner l'ennemi non loin, semble-t-il, de Fauquembergue[167].
Malheureusement l'armee francaise avait ete obligee de se diviser. Une
nuit les Normands, a la faveur de l'obscurite, sortirent soudain du
defile boise, ou ils se trouvaient enfermes, et vinrent fondre a
l'improviste sur le camp royal. Plusieurs tentes furent brulees et le
roi faillit etre pris. Herbert, qui campait a quelque distance, sut
accourir juste a point pour temoigner un devoument interesse a son
suzerain, et les agresseurs furent repousses apres une lutte acharnee,
ou ils laisserent onze cents morts sur la place. Les Francais de leur
cote furent grandement eprouves: le vaillant comte de Ponthieu,
Helgaud, perit dans la melee, et le roi Raoul lui-meme grievement
blesse fut contraint de regagner Laon. Malgre leur echec, les Normands
purent ainsi pousser leurs devastations jusqu'aux confins de la
Lorraine, en Porcien[168].
Vers le meme temps, aux environs de Paques, les Hongrois rodaient pres
de la, dans le pays de Voncq[169], ou ils auraient pu se rencontrer
avec les Normands. A leur approche, les habitants et le clerge
desertaient les campagnes, les moines cherchaient avec leurs reliques
un refuge a l'abri des murailles romaines des cites episcopales de
Metz, Toul et Reims, ou encore dans des lieux inaccessibles, fortifies
par la nature. Ainsi furent portees a Reims les reliques de saint Remy
et de sainte Vaubourg d'Attigny. Les Hongrois jeterent dans l'est la
meme terreur que les Sarrasins dans le midi ou les Normands dans
l'ouest: le pillage des riches monasteres et des campagnes
florissantes, jusque-la epargnes, fut considere par les populations
comme un chatiment celeste [170].
Les difficultes s'etaient accumulees autour de Raoul avec une
incroy
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