decisive, mais des irruptions suivies de pillages, de chaque
cote. On finit par entamer des pourparlers ou les conditions d'une
paix definitive furent discutees: on parla d'etendre a l'ouest le long
de la mer, jusque vers le Cotentin, les limites du territoire concede
a Rollon, sur les deux rives de la Seine inferieure. Enfin un
armistice fut conclu jusqu'au milieu de mai 924. Les Normands
donnaient des otages, et en retour on achetait encore honteusement,
comme par le passe, leur inaction, moyennant un lourd tribut. L'argent
necessaire devait etre fourni a l'aide d'une sorte de taxe personnelle
extraordinaire (_pecunia collaticia_)[111].
Pourquoi ce retour aux anciennes humiliations, apres une campagne de
debut si brillante? Ce changement subit et un peu deconcertant au
premier abord parait du a la necessite ou etait Raoul d'en finir au
plus vite avec la question normande pour se trouver completement libre
d'agir en Aquitaine.
Tout le Midi, a peu d'exceptions pres, persistait dans son attitude
hostile a l'egard du nouveau roi et refusait absolument de le
reconnaitre. Raoul n'entendait pas renoncer a ses droits de
suzerainete et il voulait profiter, des le debut, de son succes sur
les Normands ainsi que du prestige que lui donnait la soumission
inesperee de la Lorraine, pour entrer en contact avec les opposants et
les contraindre par l'intimidation, ou au besoin par la force, a
l'obeissance.
L'armee royale entra si soudainement en campagne que le duc
d'Aquitaine, Guillaume II, eut a peine le temps d'organiser la
resistance. Le roi etait deja en Autunois, suivi d'innombrables
vassaux, et son avant-garde atteignait la Loire, quand Guillaume parut
sur la rive opposee. Ainsi les deux adversaires etaient en presence,
separes seulement par le cours du fleuve. Une telle situation etait
celle qu'a cette epoque on recherchait surtout pour les entrevues, par
mesure de securite: des negociations commencerent aussitot. Les
emissaires faisaient la navette d'une rive a l'autre. Le soir venu,
Guillaume se decida enfin, a la faveur de la nuit, a faire le premier
pas pour hater une solution. Muni d'un sauf-conduit, il passa le
fleuve et se rendit a cheval au camp de Raoul. Celui-ci l'attendait
egalement a cheval. Des que Guillaume fut en presence du roi, il sauta
en bas de sa monture, pour le saluer comme son suzerain, et Raoul lui
repondit en lui donnant l'accolade. Ce ceremonial symbolique ratifiait
l'echange prealable de prome
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