our Raoul, son beau-frere Hugues, depuis son
mariage avec Eadhild, s'etait quelque peu eloigne d'Herbert.
L'attitude de Hugues, neveu d'Herbert II par sa mere Beatrice de
Vermandois[179], n'avait pas toujours ete empreinte d'une egale
cordialite a l'egard du roi. Il semble qu'il ait jusque-la voulu se
soustraire a son ascendant. Malgre la grande part qu'il avait prise a
son election, il s'etait tenu, dans certaines circonstances, sur une
reserve qui pouvait presque passer pour de l'hostilite. C'est ainsi
qu'il avait traite avec les Normands aux moments les moins opportuns
pour Raoul. Il avait, par son attitude, grandement favorise les
projets ambitieux d'Herbert. Jamais il ne figure dans les diplomes
royaux comme impetrant, et son nom ne se voit pas au bas des actes, a
cote de ceux des conseillers habituels du souverain. Mais depuis que,
par l'occupation de Reims et la revendication de Laon, la tactique
d'Herbert apparait plus nettement, Hugues se rapproche visiblement de
Raoul, comme si un sentiment de jalousie ou de crainte s'etait eveille
en lui. Il commence a se departir du role de simple spectateur des
evenements, qu'il avait joue jusqu'alors. Neanmoins il eut l'habilete
de ne point rompre brusquement avec le comte de Vermandois, qui dut
tout mettre en oeuvre pour le retenir dans son parti, et meme il se
laissa conduire a une entrevue qu'Herbert sollicita du roi de
Germanie[180]. Cette demarche, a la suite de la perte de la Lorraine,
etait un acte peu amical vis-a-vis de Raoul. C'etait en meme temps un
acte contraire au patriotisme tel que nous l'entendons aujourd'hui.
Quoique nous ne puissions nous flatter le moins du monde de decouvrir
les sentiments veritables des hommes de cette epoque, il est clair
cependant que la demarche des deux plus puissants vassaux de la France
septentrionale aupres de l'ennemi de leur suzerain etait, au moins au
point de vue feodal, un acte de felonie caracterise[181].
Henri se montra naturellement fort bien dispose envers ses hotes
insolites, dont il pouvait beaucoup attendre. Des presents furent
echanges, et pour bien affirmer sa suzerainete en Lorraine devant les
Francais, le roi de Germanie disposa de l'eveche de Metz, devenu
vacant par la mort de Guerri, en le donnant a un clerc appele Bennon,
au mepris du droit d'election des Messins[182].
Au retour de cette visite inconvenante, qui decele l'extraordinaire
besoin d'intrigue de son esprit inquiet, Herbert sentit qu'il avait
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