le Fort, le glorieux adversaire des Normands, assistant a une
conference reclamee par ceux-ci, ou leur chef Rollon jouait le role
capital et lui enjoignait ainsi qu'aux autres comtes et eveques
francais presents, d'avoir a reconnaitre solennellement le roi Charles
pour leur suzerain legitime. Et le propre fils de Rollon, Guillaume
Longue-Epee leur donna l'exemple, en pretant le premier l'hommage au
Carolingien. A la suite de ce prodigieux succes de la diplomatie
normande, Rollon consentit a rendre au comte de Vermandois son fils
Eudes, et une alliance fut conclue entre Francais et Normands[197].
L'hegemonie du Vermandois n'etait pas admise par tout le monde sans
contestation. La famille des comtes de Laon composee de Roger et de
ses freres, lesee par la cession de la ville a Herbert, resta
naturellement attachee au roi Raoul. Leurs domaines confinaient a la
partie nord du Vermandois. Il n'en fallut pas davantage pour que le
comte de Vermandois allat assieger et detruire leur chateau-fort de
Mortagne, au confluent de l'Escaut et de la Scarpe[198].
L'eveque de Soissons Abbon, auparavant partisan d Herbert, devenu
archichancelier royal, perdit le vicariat du diocese de Reims, ou il
fut remplace par l'eveque fugitif d'Aix-en-Provence, Odalric, chasse
de son siege par les Sarrasins. Pour prix de ses bons offices, le
nouveau vicaire ne recut d'Herbert que l'abbaye de Saint-Timothee avec
une prebende de chanoine[199].
Le frere du roi Raoul, Boson, qui s'accommodait avec peine de la
suzerainete saxonne imposee aux Lorrains, souleva sur ces entrefaites
de nouvelles difficultes, en se querellant avec ses voisins, en
s'emparant par force de possessions ecclesiastiques (abbayes et
domaines des eveches de Verdun et de Metz) et enfin en refusant de
tenir compte des injonctions du roi Henri. Celui-ci entra en campagne
contre le recalcitrant, passa le Rhin "avec une multitude de Germains"
et vint sur la Meuse assieger son chateau de _Durofostum_[200]. En
meme temps il entra en pourparlers avec lui par la voie d'une
ambassade, promettant la paix, a condition qu'il vint le trouver en
personne. On le voit, Henri n'osait traiter le frere de Raoul comme un
vassal ordinaire. Il alla jusqu'a lui donner des otages pour lui
garantir la securite au cours de la demarche qu'il en sollicitait.
Boson consentit alors a se presenter devant le roi, lui promit sous
serment "fidelite et paix au royaume[201]", restitua a leurs
possesseurs les bie
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