de se remettre avec Henri Ier que deja il etait
mele a de nouvelles intrigues. L'abbesse de Chelles, Rohaut, tante de
Charles le Simple et belle-mere de Hugues le Grand, mourut le 22 mars
925[213]. C'etait deja a l'occasion de son abbaye, on s'en souvient,
que Robert et Hugues s'etaient souleves contre Haganon en 922. Boson,
sans doute d'accord avec son frere Raoul, s'empara tout a coup de ce
riche monastere tant convoite, avec toutes ses dependances, pour faire
piece a Hugues. Il etait assez naturel que Raoul put donner un fief a
son frere alors que Hugues le contraignait a en ceder un a Herbert.
Mais Hugues ne transigeait pas aussi facilement sur ses droits que sur
ceux des autres: immediatement il reclama la restitution de Chelles,
et Herbert, son allie, en prit pretexte pour mettre la main sur la
principale place forte de Boson, le chateau de Vitry-en-Perthois. Un
armistice fut conclu jusqu'a la fin de mai, puis transforme en paix
definitive sur l'intervention du roi de Germanie. L'entreprise de
Boson aboutissait, en derniere analyse, a une nouvelle ingerence
etrangere en France, defavorable au prestige de Raoul[214].
Hugues et Herbert, de retour d'une conference avec le roi Henri,
allerent assieger Montreuil, afin de soumettre le comte Heloin qui
affectait des allures d'independance. Ils le contraignirent a livrer
des otages. Mais bientot leur union se trouva compromise par le
passage d'Heloin au parti de Hugues. Herbert s'en dedommagea en
attirant dans son camp Heudoin, vassal de Hugues[215].
Les Normands de la Loire etaient demeures dans un calme relatif depuis
925. Au commencement de l'annee 930, ils envahirent de nouveau
l'Aquitaine, pillerent la Saintonge, l'Angoumois, le Perigord, et
penetrerent jusqu'en Limousin[216]. Raoul se porta au secours de
sujets qui lui etaient fideles depuis le debut de son regne. Il
atteignit les pillards au lieu dit _Ad Destricios_ et les aneantit
presque totalement[217]. La victoire eut un aussi grand retentissement
que jadis celle de Louis III a Saucourt, et, comme il arrive souvent,
ce succes en engendra un autre: une partie des Aquitains (les comtes
d'Auvergne, de Toulouse et de Rouergue) qui avaient pu juger de
l'efficacite de l'intervention royale, firent leur soumission. Cette
bataille devint legendaire dans le pays. C'est a elle qu'on rattache
les exploits du comte d'Angouleme Guillaume Taillefer[218], et Aimoin
y fait allusion lorsqu'il felicite Raoul d'avoir rendu la
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