urrai sortir.
BLAISE
Bonjour, Monsieur Jules; je suis bien fache de vous savoir malade.
JULES
Demande du papier pour un cerf-volant, de l'osier, de la colle, des
couleurs.
BLAISE
Mais je ne sais a qui demander tout cela, Monsieur Jules.
JULES
Au cuisinier, au valet de chambre.
BLAISE
Jamais je n'oserai; ils ne m'ecouteront pas.
JULES
Je voudrais bien voir cela! Tu n'as qu'a leur dire: "C'est M. Jules
qui m'envoie", et tu verras s'ils t'enverront promener."
Blaise alla a l'antichambre demander de quoi faire un cerf-volant;
mais il oublia de dire qu'il venait de la part de Jules. Tous les
domestiques qui se trouvaient dans l'antichambre eclaterent de rire.
"Un cerf-volant! Je t'en souhaite des cerfs-volants! Il fait des
cerfs-volants a Monsieur? Et tu me prends pour ton fournisseur? C'est
bien de l'honneur, en verite!--Servez donc Monsieur, camarades!
depechez-vous! Monsieur attend, Monsieur est presse!
--Tenez, Monsieur Blaise, voila du papier, dit un des domestiques en
lui tournant autour de la tete un papier sale et huileux.
--Monsieur Blaise, voila de la colle, dit un autre en lui versant sur
la tete une tasse d'eau sale.
--Monsieur Blaise voici des couleurs", dit un troisieme en lui
remplissant de cirage le visage et les mains.
Le pauvre Blaise parvint a s'arracher d'entre les mains de ces
domestiques mechants et grossiers. Il ne crut pas convenable
de rentrer ainsi fait chez Jules, et courut chez lui pour se
debarbouiller et changer de vetements. Son pere et sa mere furent
effrayes de le voir revenir mouille, noirci; mais il les rassura
en leur expliquant qu'il n'avait d'autre mal que l'humiliation des
mauvais traitements dont il leur rendit compte.
"Et quant a cela, papa, dit-il, j'en dois etre heureux, puisque
Notre-Seigneur s'est laisse bien autrement humilier pour me sauver.
ANFRY
Cela n'empeche pas, mon pauvre garcon, que tu ne retourneras plus dans
cette maison de malheur.
BLAISE
Je vous demande au contraire, papa, de vouloir bien me permettre d'y
retourner, parce que, cette fois, ce n'est pas la faute de M. Jules;
il m'attend toujours, et il doit trouver que je mets bien du temps a
faire sa commission.
ANFRY
Il t'arrivera encore des desagrements pres de M. Jules, mon garcon,
crois-moi. Laisse-moi aller trouver M. le comte, que je lui dise
pourquoi je t'empeche d'y retourner.
BLAISE
Oh non! papa, je vous en prie; on gronderait les domestiques,
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