rs protege contre le mal.
--Tiens, va-t'en avec ta morale, tu nous ennuies a la fin. Ce que je
te disais etait pour rire; tu l'as pris au serieux comme un nigaud.
--Tant mieux pour vous, Monsieur", dit Blaise en se retirant.
"Il n'y a rien a faire de ce garcon-la, dirent les domestiques au bout
de quelques instants. Il ne faut plus rien lui offrir. Attendons qu'il
demande. Nous nous compromettrions."
XV
L'AVEU PUBLIC
La convalescence de Jules marcha rapidement; il avait repris une
gaiete qui l'avait abandonne depuis longtemps; souvent il causait avec
son pere de sa vie passee, du mal qu'il avait fait au pauvre Blaise,
de ses tyrannies envers sa soeur toujours bonne et douce. Il ne
trouvait pas avoir suffisamment repare ses torts envers Blaise; il
semblait mediter un projet qu'il ne voulait decouvrir a personne.
"Papa, disait-il, j'attends le retour de maman et d'Helene pour
achever ma reparation a Blaise: ce sera une bonne maniere de me
preparer a la premiere communion que nous devons faire ensemble.
LE COMTE
Que veux-tu donc faire de mieux que ce que tu fais maintenant, mon
pauvre Jules? Blaise semble etre parfaitement heureux.
JULES
Papa, Blaise se contentera toujours de peu; mais il m'a beaucoup
parle, depuis ma maladie, de ses devoirs envers Dieu, envers les
hommes et envers lui-meme; il m'a explique sur les motifs de sa
conduite des choses que je n'aurais jamais sues sans lui; M. le cure,
qui vient tous les jours, me dit aussi de bonnes choses; vous verrez,
papa, que ce que je veux faire sera bon et vous fera plaisir. Car,
vous aussi, cher papa, vous etes tout change. Depuis que vous couchez
dans ma chambre, je vois bien comme vous priez et comme vous pleurez
en priant; j'ai bien vu que vous causiez avec le cure; c'est tout cela
qui fait du bien, papa; votre exemple m'encourage, me donne de bonnes
pensees que je n'avais jamais eues auparavant... C'est singulier.
LE COMTE
Non, mon ami. C'est tres naturel. Comme je te l'ai dit le jour ou je
me suis montre pour la premiere fois pres de ton lit de mourant, c'est
moi qui etais coupable de tes fautes; c'est moi qui devais les payer.
Le bon Dieu s'est servi du pauvre Blaise pour m'eclairer; ta maladie,
en amollissant mon coeur, m'a permis de comprendre mes torts immenses
envers ta pauvre ame, que je perdais par ma faiblesse et par mon
irreligion. Dieu m'a touche par l'intermediaire de Blaise, et tu as
fait comme ton pere, que tu aimes e
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