it avec le comte,
toujours au chevet du lit. Le comte avait voulu plusieurs fois
l'envoyer passer au moins une nuit chez ses parents, mais Blaise avait
toujours refuse; il se bornait a y courir matin et soir pour
donner des nouvelles de Jules. pour se debarbouiller et changer de
vetements.--Blaise raconta a ses parents tout ce qui s'etait passe ce
jour-la; il s'etendit avec bonheur dans son lit, apres avoir remercie
le bon Dieu de ses bienfaits; il ne tarda pas a s'endormir et ne se
reveilla que le lendemain au grand jour.
XIV
LES DOMESTIQUES
Les parents de Blaise avaient deja acheve de dejeuner quand il entra
dans la cuisine, un peu honteux de sa longue nuit; mais son pere le
rassura en lui disant que ce sommeil avait ete necessaire pour le
reposer de tant de jours et de nuits passes dans l'inquietude et les
veilles. Blaise se depecha de dejeuner et courut au chateau pour
reprendre son poste pres de Jules. La nuit avait ete excellente, et le
sommeil de Jules n'avait ete interrompu que deux fois, par le besoin
de prendre de la nourriture; il avait bu du bouillon; le medecin, qui
sortait d'aupres de lui, avait permis des soupes, et Jules etait en
train d'en manger une quand Blaise entra. M. de Trenilly alla a lui
et l'embrassa avec tendresse, a la grande surprise du domestique qui
avait apporte la soupe. Jules lui tendit la main en souriant, ce qui
augmenta l'etonnement du domestique.
"Eh bien, mes amis, dit-il a ses camarades en rentrant a l'office,
voila du nouveau! Si je ne l'avais pas vu, je ne le croirais pas! M.
le comte qui embrasse le petit Anfry, et M. Jules qui lui tend la main
et qui lui sourit!
--Tiens, tiens, tiens! du nouveau en effet! Comment, M. le comte, qui
est si fier qu'il ne vous regarde seulement pas, et qu'il semble se
croire au-dessus de tout le monde, touche et embrasse le petit Anfry!
Du nouveau, comme tu dis, Adrien.
--Vont-ils etre fiers, ces Anfry! reprit Adrien. Et le petit, va-t-il
devenir insolent!
--C'est qu'il faudra le saluer bien bas a son passage!
--Et le servir comme un maitre! comme M. Jules!
--Eh bien, dit le premier valet de chambre, je ne suis pas la-dessus,
moi, du meme avis que vous: je ne crois pas que le petit change sa
maniere pour cela. Il est bon et honnete, cet enfant.
--Honnete et bon! laisse donc! Tu as deja oublie toutes ses histoires
de l'annee derniere.
--Ma foi, mes amis, pour vous dire la verite, eh bien, entre nous, je
n'ai jamais
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