e croire quand il parle, il a un
air si honnete,... et veritablement il est bon,... le pauvre garcon!
Comme je l'ai traite hier!... Et c'est lui qui vient me dire qu'il a
ete orgueilleux et sot, et qui a l'air de me demander pardon... Pauvre
Blaise!"
Pendant que Jules faisait ces reflexions, M. de Trenilly marchait a
pas precipites vers la maison d'Anfry. Il y trouva Blaise, les yeux
rouges, l'air triste, qui etait en train de raconter a son pere la
cause de son nouveau chagrin. M. de Trenilly marcha droit vers Blaise,
a la grande frayeur de ce dernier, qui recula de quelques pas pour
eviter le contact du comte. Il fut tres surpris quand il vit le comte
lui saisir la main, la presser fortement, et lui dire d'une voix emue:
"Jules et moi, nous avons eu tort, Blaise; j'accepte ton pardon et je
t'en remercie; tu es un brave et honnete garcon, je te l'ai dit ce
matin; je t'estime et je te crois. Reviens au chateau sans crainte,
quand tu voudras et partout ou tu voudras. Adieu, Blaise, au revoir,
et bientot, j'espere. Bonsoir, Anfry; je vous felicite d'avoir un fils
pareil.
--Merci, Monsieur le comte; c'est bien de l'honneur que vous nous
faites."
Le comte tenait encore la main de Blaise; le pauvre garcon, tremblant
et emu, se permit de presser a son tour la main qui pressait la
sienne. Quand il sentit que le comte lui rendait cette pression, il
saisit la main du comte et la couvrit de baisers et de larmes. Le
comte, emu lui-meme, se degagea apres une derniere etreinte, et sortit
sans ajouter une parole, mais en saluant d'un air amical. Quand il fut
parti, Anfry s'ecria:
"Eh bien, il a du bon, tout de meme! C'est beau d'etre venu lui-meme
et tout de suite reconnaitre ses torts. C'est le bon Dieu qui
recompense ta patience et ton humilite, mon Blaisot.
--Le bon Dieu est trop bon pour moi. C'est etonnant le plaisir que m'a
fait la visite de M. le comte et tout ce qu'il m'a dit; et la main
qu'il me serrait a la briser, et son air tout autre. Lui qui a l'air
si severe, il avait l'air doux et attendri!... Mais c'est donc M.
Jules qui lui aura dit quelque chose? C'est bien de sa part!"
Le pauvre Blaise dormit bien cette nuit; son coeur etait plein de
reconnaissance pour le bon Dieu, pour le comte, pour Jules. Il ne
se souvenait plus des severites du comte, des mechancetes et des
calomnies de Jules; il ne pensait qu'aux bonnes paroles qu'il avait
recues, et qu'il attribuait a un aveu complet de Jules. Il se reveilla
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