les et Mlle Helene a lui obeir: notre soumission
l'adoucira et changera ses idees a mon egard. Pensez donc qu'elle me
croit faux, hypocrite, intrigant; elle craint peut-etre que je ne
corrompe M. Jules et Mlle Helene; une mere, vous savez, Monsieur
le comte, c'est toujours si craintif, si inquiet! elle est plus a
plaindre qu'a blamer, je vous assure. Ainsi, Monsieur le comte,
promettez-moi que vous m'aiderez a tenir ma promesse, et que vous
n'amenerez plus M. Jules et Mlle Helene sans le consentement de Mme la
comtesse... Voyons, tres cher Monsieur le comte, du courage! Je vois
bien qu'il vous en coute, d'abord par amitie pour M. Jules et pour
moi; et puis... parce qu'il en coute toujours de ceder, surtout a
une femme... Mais c'est pour votre repos, pour votre bonheur, cher
Monsieur le comte. Croyez-moi, nous serons plus heureux en cedant
qu'en resistant.
--Mon brave Blaise, dit le comte, c'est toujours de toi que viennent
les sages avis et le bien. Je crois que tu as raison;... ceder,
c'est mieux... Mais toi, toi, pauvre enfant, qui ne penses jamais a
toi-meme, tu souffriras.
--Pas autant que je l'avais craint, puisque je vous verrai, vous, cher
Monsieur le comte,... car... vous continuerez a me visiter et a me
donner des nouvelles de ce bon M. Jules et de cette excellente Mlle
Helene, toujours si bonne pour moi.
--Moi! tous les jours, mon enfant! tous les jours! c'est un besoin
pour mon coeur. Tu sais si je t'aime! Tu serais mon fils, je ne
pourrais t'aimer davantage."
Le comte embrassa une derniere fois le pauvre Blaise, qui s'en alla
fort triste, mais un peu console par les paroles affectueuses du
comte.
"Eh bien! mon Blaisot? lui cria Anfry, du plus loin qu'il le vit.
--Rien de bon, papa, repondit Blaise, mais pas trop mauvais non plus.
--Encore les yeux rouges, mon pauvre garcon! Ces satanes gens te
feront mourir de peine!
--Pas de danger, papa, dit Blaise en s'efforcant de sourire. Il n'y
a que le premier moment qui vous emporte quelquefois... Avec la
reflexion, on se resigne...
ANFRY
Tu passeras donc ta vie a te resigner, mon pauvre Blaise?
BLAISE
Sans doute, papa, et c'est un vrai bonheur que le chagrin; cela vous
ramene toujours au bon Dieu: on prie mieux en apprenant a souffrir; le
bon Dieu est la qui vous aide et qui vous console si bien!
ANFRY
Et pourtant tu as pleure!... et tu pleures encore... Tiens, tiens, les
larmes roulent sur tes pauvres joues amaigries.
BLAISE
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