i affectueux que tu le pourras pour ta
mere, afin de lui faire voir que la piete ouvre le coeur au lieu de le
resserrer."
XVI
L'OBEISSANCE
Jules avait ete recu sechement par sa mere quand il alla lui dire
bonsoir; pourtant elle l'embrassa en souriant.
"J'espere, lui dit-elle, que tu retrouveras le bon sens que t'a fait
perdre la maladie, et que tu ne recommenceras pas le coup de theatre
dont tu m'as gratifiee ce soir. Quant a ton nouvel ami, qui n'est pas
une societe convenable pour toi, je te prie d'aller des demain lui
signifier que je lui defends de mettre les pieds chez moi, chez
Helene, chez toi. Si ton pere veut le recevoir, je ne puis l'en
empecher; mais je ne laisserai pas ce petit paysan s'etablir chez moi
ni chez mes enfants.
--Je vous obeirai, maman, repondit Jules avec tristesse, mais ce que
vous m'ordonnez m'est fort penible et m'enleve une grande consolation.
LA COMTESSE
Depuis quand as-tu besoin de consolation?
JULES
Depuis que j'ai senti combien j'avais ete mauvais et combien j'avais
offense le bon Dieu.
LA COMTESSE, _souriant_
A merveille, mon ami! vous voila maintenant devenus bien devots, ton
pere et toi! On ne parle plus que pour precher. Mais je te prie de
me faire grace de tes sentences religieuses; je ne suis pas encore
arrivee au point de vous comprendre.
--Oh! maman! s'ecria involontairement Helene.
LA COMTESSE
Est-ce que tu vas te mettre aussi de la partie? Tu sais que je ne
supporte pas tes remontrances. Pense comme ton pere et ton frere, prie
avec eux si cela te fait plaisir, mais au moins que je ne le voie ni
l'entende. Adieu mes enfants, laissez-moi seule; je suis fatiguee."
Jules et Helene se retirerent dans leur appartement; leurs chambres se
touchaient. En entrant dans celle de Jules, ils virent le comte qui
les attendait.
LE COMTE
Eh bien, mes enfants, votre mere est-elle revenue sur sa premiere
impression? A-t-elle enfin compris la beaute et la noblesse de ton
aveu, Jules, et pardonne-t-elle au pauvre Blaise la part qu'il a prise
dans notre amelioration?
JULES
Je crois que non, papa; maman a parle comme au salon; la pauvre Helene
a meme ete grondee pour avoir dit un: "Oh! maman!" trop expressif.
--Pauvre Helene! dit le comte en lui passant la main sur la tete a
plusieurs reprises. Pauvre Helene. repeta-t-il d'un air triste et
pensif, tu as du souffrir tous ces temps-ci.
HELENE
Papa, j'etais au couvent! Ces dames sont si pieus
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