uyeux d'avoir affaire a un garcon bete et entete
comme toi! Je suis fatigue de te repeter la meme chose."
Blaise ne repondit pas; l'excellent garcon n'avait pas voulu faire
gronder les domestiques, dont il avait tant a se plaindre depuis un
an, et, malgre sa repugnance, il retourna a l'antichambre repeter sa
demande, mais en ayant soin d'ajouter que c'etait pour M. Jules.
"Pour M. Jules? Tout de suite, tout de suite! Auguste, donne-moi le
papier... Pas celui-ci! Le plus beau, le plus grand... Cours a la
cuisine faire de la colle et rapporte une pelote de ficelle. Georges,
va vite au jardin demander au jardinier de l'osier pour faire un
cerf-volant pour M. Jules. Mais... ajouta-t-il en se retournant
precipitamment vers Blaise, quand tu es venu tantot demander de quoi
faire un cerf-volant, est-ce que c'etait pour M. Jules?
BLAISE
Oui, Monsieur, c'etait pour M. Jules.
LE DOMESTIQUE
Et pourquoi ne l'as-tu pas dit, malheureux. Nous voila dans de beaux
draps. M. Jules va nous faire tous partir pour avoir coiffe, arrose et
peint son messager.
BLAISE
Je n'ai rien dit a M. Jules, Monsieur.
LE DOMESTIQUE
Rien dit? Tu ne t'es pas plaint de nous?
BLAISE
Non, Monsieur, pas du tout.
LE DOMESTIQUE
Comment as-tu explique ton absence et ton changement d'habits?
BLAISE
J'ai dit que je m'etais tache de cirage et que je ne rapportais pas de
quoi faire un cerf-volant parce que j'avais oublie de dire que c'etait
pour M. Jules.
LE DOMESTIQUE
Eh bien, tu es un brave garcon tout de meme; il faut avouer que tu
n'as pas de mechancete. J'ai eu une belle peur! La place est
bonne; non pas que les maitres soient bons; ils sont au contraire
detestables, mais ils payent bien et ne regardent a rien; on se fait
de beaux benefices sans avoir l'air d'y toucher; et toi, Blaise,
puisque tu es si bon garcon, nous te regalerons quelquefois d'une
bouteille de vin, de liqueur, de cafe, de gateaux, d'une moitie de
volaille, de toutes sortes de choses."
Blaise ne comprit pas bien ce que lui offrait le domestique, mais
il vit qu'il y avait une intention aimable, et il remercia, tout en
emportant les objets qu'on s'etait empresse d'apporter.
"Voici, Monsieur Jules, de quoi faire votre cerf-volant, dit-il en
posant le tout sur une table.
JULES
Pourquoi restes-tu la a ne rien faire? Commence donc.
BLAISE
Je croyais, Monsieur Jules, que vous vouliez vous amuser a le faire
vous-meme.
JULES
Moi-meme? Tu cr
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