te. Mais ou? c'etait ce qu'il lui etait impossible de trouver. Cette
idee ne fit que lui traverser la tete, et le combat s'empara de nouveau de
toute son attention. La chance menacait de lui devenir defavorable; ses
gens, apres s'etre tres-bravement battus, commencaient a faiblir, et
cedaient peu a peu le terrain a leurs opiniatres adversaires. Ce que
voyant le jeune comte, il jugea qu'il etait temps de payer de sa personne,
afin de ranimer par son exemple sa troupe decouragee. Il redevint donc de
capitaine soldat, et se precipita, le sabre au poing, dans le plus fort de
la melee, au cri de Saint-Marc, Saint-Marc et en avant! Il tua de sa main
les plus avances des assaillants, et, suivi de tous les siens qui
revinrent a la charge avec une nouvelle ardeur, il les fit reculer a leur
tour. Le chef ennemi fit alors ce qu'avait fait Ezzelino. Voyant ses
pirates en retraite, il se leva brusquement de son banc, empoigna une
hache d'abordage, et s'elanca contre les Venitiens en poussant un cri
terrible. Ceux-ci a son aspect s'arreterent incertains: Ezzelino seul osa
marcher a lui. Ce fut sur un des ponts volants qui unissaient les deux
navires que les deux chefs se rencontrerent. Ezzelino allongea de toute sa
force un coup d'epee au Missolonghi qui s'avancait decouvert; mais
celui-ci para le coup avec le manche de sa hache, et menacait deja du
tranchant la tete du comte, lorsque Ezzelino, qui de l'autre main tenait
un pistolet, lui fracassa la main droite. Le pirate s'arreta un instant,
jeta un regard de rage sur son arme qui lui echappait, eleva en l'air sa
main sanglante en signe de defi, et se retira au milieu des siens. Ceux-ci,
voyant leur chef blesse et l'ennemi encore pret a les bien recevoir,
enleverent rapidement les ponts d'abordage, couperent les amarres, et
s'eloignerent presque aussi vite qu'ils etaient venus. En moins d'un quart
d'heure ils eurent disparu derriere les rochers d'ou ils etaient sortis.
Ezzelino, dont l'equipage avait ete tres-maltraite, croyant avoir
satisfait a l'honneur par sa belle defense, ne jugea pas a propos de
s'exposer de nuit a un nouveau combat, et alla mettre sa galere sous la
protection du chateau situe dans la grande ile. La nuit tombait quand il
jeta l'ancre. Il donna ses ordres a son equipage, et, se jetant dans une
barque, il s'approcha du chateau.
Ce chateau etait situe au bord de la mer, sur d'enormes rochers tailles a
pic, au milieu desquels les vagues allaient s'engouffrer avec
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