ache lui-meme lui apparut en apercevant le marquis installe
dans la maison, comme un fiance!
Il penetra, dans un sursaut d'exasperation, tout ce qu'il ne voulait
pas savoir et tout ce qu'on n'osait point lui dire. Il ne se demanda
point pourquoi on lui avait dissimule tous ces apprets du mariage?
Il le devina; et ses yeux, devenus durs, rencontrerent ceux de la
comtesse qui rougissait. Ils se comprirent.
Quand il se fut assis, on se tut quelques instants, sa presence
inattendue ayant paralyse l'essor des esprits, puis la duchesse se mit
a lui parler; et il repondit d'une voix breve, d'un timbre etrange,
change subitement.
Il regardait autour de lui ces gens qui se remettaient a causer et il
se disait: "Ils m'ont joue. Ils me le paieront." Il en voulait surtout
a la comtesse et a Annette, dont il penetrait soudain l'innocente
dissimulation.
Le comte, regardant alors la pendule, s'ecria:
--Oh! oh! il est temps de partir.
Puis se tournant vers le peintre:
--Nous allons a l'ouverture de la session parlementaire. Ma femme
seule reste ici. Voulez-vous nous accompagner; vous me feriez grand
plaisir?
Olivier repondit sechement:
--Non, merci. Votre Chambre ne me tente pas.
Annette alors s'approcha de lui, et prenant son air enjoue:
--Oh! venez donc, cher maitre. Je suis sur que vous nous amuserez
beaucoup plus que les deputes.
--Non, vraiment. Vous vous amuserez bien sans moi.
Le devinant mecontent et chagrin, elle insista, pour se montrer
gentille.
--Si, venez, monsieur le peintre. Je vous assure que, moi, je ne peux
pas me passer de vous.
Quelques mots lui echapperent si vivement qu'il ne put ni les arreter
dans sa bouche ni modifier leur accent.
--Bah! Vous vous passez de moi comme tout le monde.
Elle s'exclama, un peu surprise du ton:
--Allons, bon! Voila qu'il recommence a ne plus me tutoyer.
Il eut sur les levres un de ces sourires crispes qui montrent tout le
mal d'une ame et avec un petit salut:
--Il faudra bien que j'en prenne l'habitude, un jour ou l'autre.
--Pourquoi ca?
--Parce que vous vous marierez et que votre mari, quel qu'il soit,
aurait le droit de trouver deplace ce tutoiement dans ma bouche.
La comtesse s'empressa de dire:
--Il sera temps alors d'y songer. Mais j'espere qu'Annette n'epousera
pas un homme assez susceptible pour se formaliser de cette familiarite
de vieil ami.
Le comte criait:
--Allons, allons, en route! Nous allons nous mettre en re
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