erts de faiences
decorees a la mode arabe.
Des hommes de tout age, presque nus, marchaient lentement, a pas
graves, sans parler; d'autres etaient assis sur des banquettes de
marbre, les bras croises; d'autres causaient a voix basse.
L'air brulant faisait haleter des l'entree. Il y avait la dedans,
dans ce cirque etouffant et decoratif, ou l'on chauffait de la chair
humaine, ou circulaient des masseurs noirs et maures aux jambes
cuivrees, quelque chose d'antique et de mysterieux.
La premiere figure apercue par le peintre fut celle du comte de Landa.
Il circulait comme un lutteur romain, fier de son enorme poitrine et
de ses gros bras croises dessus. Habitue des etuves, il s'y croyait
sur la scene comme un acteur applaudi, et il y jugeait en expert la
musculature discutee de tous les hommes forts de Paris.
--Bonjour. Bertin, dit-il.
Ils se serrerent la main; puis Landa reprit:
--Hein, bon temps pour la sudation.
--Oui, magnifique.
--Vous avez vu Rocdiane? Il est la-bas. J'ai ete le prendre au saut du
lit. Oh! regardez-moi cette anatomie!
Un petit monsieur passait, aux jambes cagneuses, aux bras greles, au
flanc maigre, qui fit sourire de dedain ces deux vieux modeles de la
vigueur humaine.
Rocdiane venait vers eux, ayant apercu le peintre.
Ils s'assirent sur une longue table de marbre et se mirent a causer
comme dans un salon. Des garcons de service circulaient, offrant a
boire. On entendait retentir les claques des masseurs sur la chair nue
et le jet subit des douches. Un clapotis d'eau continu, parti de tous
les coins du grand amphitheatre, l'emplissait aussi d'un bruit leger
de pluie.
A tout moment un nouveau venu saluait les trois amis, ou s'approchait
pour leur serrer la main.
C'etaient le gros duc d'Harisson, le petit prince Epilati, le baron
Flach et d'autres.
Rocdiane dit tout a coup:
--Tiens, Farandal!
Le marquis entrait, les mains sur les hanches, marchant avec cette
aisance des hommes tres bien faits que rien ne gene.
Landa murmura:
--C'est un gladiateur, ce gaillard-la!
Rocdiane reprit, se tournant vers Bertin:
--Est-ce vrai qu'il epouse la fille de vos amis?
--Je le pense, dit le peintre.
Mais cette question, en face de cet homme, en ce moment, en cet
endroit, fit passer dans le coeur d'Olivier une affreuse secousse de
desespoir et de revolte. L'horreur de toutes les realites entrevues
lui apparut en une seconde avec une telle acuite, qu'il lutta pendant
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