mois bientot.
--Je vous assure que je ne peux pas.
--Et Annette? Songez qu'une occasion pareille ne se representera
peut-etre jamais.
--Avec qui irait-elle?
--Avec son pere et la duchesse que je vais inviter. J'ai l'intention
aussi d'offrir une place au marquis.
Elle le regarda au fond des yeux tandis qu'une envie folle de
l'embrasser lui montait aux levres. Elle repeta, ne pouvant en croire
ses oreilles:
--Au marquis?
--Mais oui!
Et elle consentit tout de suite a cet arrangement.
Il reprit d'un air indifferent.
--Avez-vous fixe l'epoque de leur mariage?
--Mon Dieu oui, a peu pres. Nous avons des raisons pour le presser
beaucoup, d'autant plus qu'il etait deja decide avant la mort de
maman. Vous vous le rappelez?
--Oui, parfaitement. Et pour quand?
--Mais, pour le commencement de janvier. Je vous demande pardon de ne
vous l'avoir pas annonce plus tot.
Annette entrait. Il sentit son coeur sauter dans sa poitrine avec
une force de ressort, et toute la tendresse qui le jetait vers elle
s'aigrit soudain et fit naitre en lui cette sorte de bizarre animosite
passionnee que devient l'amour quand la jalousie le fouette.
--Je vous apporte quelque chose, dit-il.
Elle repondit:
--Alors nous en sommes decidement au "vous".
Il prit un air paternel.
--Ecoutez, mon enfant. Je suis au courant de l'evenement qui se
prepare. Je vous assure que cela sera indispensable dans quelque
temps. Vaut mieux tout de suite que plus tard.
Elle haussa les epaules d'un air mecontent, tandis que la comtesse se
taisait, le regard au loin et la pensee tendue.
Annette demanda:
--Que m'apportez-vous?
Il annonca la representation et les invitations qu'il comptait faire.
Elle fut ravie, et, lui sautant au cou avec un elan de gamine,
l'embrassa sur les deux joues.
Il se sentit defaillir et comprit, sous le double effleurement leger
de cette petite bouche au souffle frais, qu'il ne se guerirait jamais.
La comtesse, crispee, dit a sa fille:
--Tu sais que ton pere t'attend.
--Oui, maman, j'y vais.
Elle se sauva, en envoyant encore des baisers du bout des doigts.
Des qu'elle fut sortie, Olivier demanda:
--Vont-ils voyager?
--Oui, pendant trois mois.
Et il murmura, malgre lui:
--Tant mieux!
--Nous reprendrons notre ancienne vie, dit la comtesse.
Il balbutia:
--Je l'espere bien.
--En attendant, ne me negligez point.
--Non, mon amie.
L'elan qu'il avait eu la veille en la v
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